Vendredi 10 Septembre 2021: Manitoulin (Thessalon – Little Current)

D’abord, merci à tout le monde de vos commentaires et encouragements, désolé de ne prendre le temps de répondre pour l’instant. Ça fait chaud au cœur!

Départ vers 6h30. Fait frais, 7-8 degrés. Pas mal humide. Peu de trafic.

Le soleil se lève face à moi, attention, super dangereux quand les con-ducteurs ont le soleil dans l’oeil…

Super nappes de brume, en particulier le long de je sais plus quelle rivière.

Je manque l’occasion de prendre une photo intéressante: une bouteille de pisse à côté de traces de charette et de crottin de cheval.

Fish and chips à Spanish. Fait super beau, je sors les manches courtes.

Il y a enfin quelques petites routes et chemins que j’emprunte. Quel bonheur! C’est bien, faire du vélo, en fait!

Une ferme vend des légumes et autres. Magnifique! J’achète seulement des petites tomates…

Lee Valley Road, super cool. Espanola puis la 6 vers l’île de Manitoulin, un peu moins cool vu le trafic, mais bon accotement. Salut, la 17, adieu.

Enfin le pont, et Manitoulin!

Ravitaillement, puis je me pose au bout d’un parc pour la nuit, en espérant que personne ne sente le besoin de me virer. C’est pas mal touristique ici.

J’aurais pu pousser pour attraper le ferry de 20h15 mais ça me tentait pas. Demain je roule un peu sur l’île en mangeant de mon avance, et prends le bateau à 15h50.

Bonne nuit!

Jeudi 9 Septembre 2021: Huron et morons (Agawa Bay – Thessalon)

Début de journée merdique. Une fois sur la route ça va un peu mieux. Ça monte et descend.

Descente du matin

Calme plat, même les éoliennes locales sont à l’arrêt.

Brume et calme

Pas de motivation, pas de pêche, ça va pas super à vrai dire. Y’a des jours comme ça, faut croire. Je chante quand même, et heureusement il fait plutôt beau et le vent qui se lève s’avère favorable. Le lac, lui, va comme d’habitude.

Pas d’arrêt prévu, je bouffe le reste de frites en route vers Sault Ste Marie, au km 140 environ.

À l’approche de la ville, le trafic se fait plus dense, et on retrouve un peu d’agriculture, dont cette trop belle grange, fondation en bois cordé.

Grignotage de merdes à la sortie de la ville que j’ai évitée. Y’a certainement des trucs cool à voir, un jour peut-être.

Pluie relativement forte et relativement intermittente, je la laisse passer quand ça commence à mouiller pour de vrai. C’est bien d’être plus ou moins dans la civilisation, avec abris fréquents.

/!\ Attention chialage /!\

Après un répit à la sortie de Sault Ste Marie, je retrouve la saloperie de route 17. Festival de tarés, de débiles, de connards. Un camionneur essaye délibérément de me sortir de la route, sans réussir; faut croire que je connais mieux mes distances de sécurité et le maniement de mon véhicule que lui. Le comble: je le retrouve après, arrêté devant un chantier. J’ai pu immortaliser sa remorque. J’aurais dû péter son pare-brise.

https://m.youtube.com/watch?v=v2x0bJJ7H_c

Je ne compte plus les dépassements approximatifs voire purement dangereux, ni les excès de vitesse.

Un débile me fonce dessus en dépassant sur la ligne continue.

Un autre taré me fonce dessus avec son pickup de merde tirant sa remorque de gros con, alors qu’il dépasse quelqu’un qui allait probablement à la limite de vitesse dans une zone de construction.

Bref: la route 17, plus jamais. Sauf demain. C’est vraiment dommage parce que c’est super beau ici. Aussi, des ménonites ou des amiches vivent ici et se déplacent en charrette à cheval. Je me demande comment ils supportent tous ces fous du volant et autres vroum-vroums.

En fait, de manière le Canada est quand même un pays de merde, pour le vélo, faut pas se mentir. Mais bon, c’est pas comme si c’était surprenant.

Si un jour je revoyage ici, ce sera hors-route. Ou alors seulement la nuit?

/!\ Fin du chialage /!\

Crevaison arrière à la sortie d’une zone de construction. Pneu un peu fendu. Il est super usé, je mets mon pneu de rechange à la place.

Je finis par arriver à Thessalon, après 215 km. Petit ravitaillement et je me cherche un spot. J’atterris à la marina sous un petit kiosque avec des super grafiti. Pas discret du tout, mais bon, je dérange personne il me semble.

Probablement un cycliste

Lundi 6 Septembre 2021: Monique (EST – Nipigon)

Je me réveille après une relativement bonne nuit, malgré les camions. Il fait frais et très humide. Déjeuner de gruau express, remballage, et je suis sur la route au lever du jour (donc, un peu tard).

Petit arrêt pour la photo au point de partage des eaux, entre ours et orignaux.

À partir de là, ça descend jusqu’à Gaspé, non?

Je roule assez mollement, fraîcheur pas super motivante.

Après 40 km survient l’événement de la journée, que dis-je, du voyage! Je m’arrête pour acheter un peu de bouffe (ouf, ça ouvre à 9h mais il est genre 9h15). Alors que je m’apprête à rentrer dans le dépanneur, je me fais interpeller. Une jeune femme me demande où je vais et me dit qu’elle est aussi à vélo. C’est Monique. On jase un petit peu, puis on prend un café/thé pour un moins-petit peu.

Monique est étudiante en sociologie environnementale et écrit un mémoire sur l’acceptabilité sociale des éoliennes en Alberta! Ça alors. Mais surtout, tenez-vous bien, elle écrit tout en voyageant: total respect. Elle va vers l’est aussi, mais elle a le temps d’en profiter.

On cause d’éoliennes, de vélo, de voyage, des routes, des animaux écrasés, du Canada, etc. Monique est super! Quelle belle rencontre, dont seuls les voyages à vélo ont le secret, faut croire.

Pendant qu’on jase, un petit écureuil roux trop trop mignon sort des cacahuètes de ses cachettes locales. Pas super farouche mais mes photos animalières sont toujours aussi légendaires.

Pulitzer animalier 2021

Malheureusement, faut y aller, les 200 km d’aujourd’hui ne vont pas se rouler tous seuls. Salut, Monique, à bientôt d’se revoir, pour une visite de turbine, une balade montréalaise, que sais-je.

Je cravache pour boucler les 100 premiers kilomètres de la journée avant midi, j’y arrive presque.

J’ai un peu le cœur gros, parce que c’est un peu triste de devoir abréger un bon moment pour du « sport ». Mais bon, un défi c’est un défi, disons. Et puis rouler est aussi un bon moment…la plupart du temps.

Enfin, le lac Supérieur à l’horizon…mais pas de photo.

Je bombe à travers le nord de Thunder Bay. Rien à y faire.

Les cyclistes locaux me servent de lapins motivants. J’appuie sur les pédales.

J’atteins Nipigon après environ 200 km, vers 17h. Mission du jour accomplie. Je me trouve un lieu abrité pour cette nuit: le site de pique-nique du camping-marina. Douche incluse.

On attend du gros temps cette nuit, demain et la nuit prochaine. Beaucoup de pluie en perspective. D’où cette envie d’abri.

Dimanche 5 Septembre 2021: services limités (Dryden – Eastern Standard Time)

Encore une journée dédiée à Éole. Merci, mon dieu préféré, de ta présence à mes côtés! Avec toi, je me sens fort et sans limite.

Je quitte Craig vers 6h. Merci encore!

Une fois n’est pas coutume, Ti-Moton pour déjeuner. Flemme de sortir le réchaud avant de partir juste pour ça. Y’avait aussi MacDo, sinon…le terroir, quoi.

Quelle horreur, les drive-in

Bonne énergie du matin. Peu de trafic, ciel nuageux couvert, joli.

100 km sans quasi rien jusqu’à Ignace. Je finis la pizza d’hier midi comme deuxième déjeuner.

Ignace: troisième déjeuner (troisième muffin, deuxième « thé »: machin infusé dans un truc qui sert aussi au café, résultat dégueu mais chaud et liquide).

Tiens, justement, faisons un point « bouteilles de pisse »: il y en a des milliers au bord de cette route. Les camionneurs, victimes d’un système qui les pousse à ne pas « perdre » la moindre seconde, ne s’arrêtent pas pour pisser. Y’en a partout et en tous genres, de la petite bouteille 500 mL au goulot fin (bonjour pour pisser là dedans, déjà immobile c’est pas facile, mais en conduisant j’ose pas imaginer), au gros bidon de 5 L, en passant par les bouteilles de jus et autres Gatorade.

Continuons sur la misère humaine: l’essentiel des camions sont des transports divers. Mais je vois beaucoup de bétaillères (des centaines, je dirais), des transports de véhicules militaires (des dizaines), des vans d’Amazon tout neufs (au moins 20 camionnettes au total), des transports de bagnoles.

Bref, y’a du boulot, et le prochain qui me dit que le monde change, je l’envoie faire des statistiques précises sur cette route, et faire un projet artistique sur les bouteilles de pisse pour réfléchir au capitalisme.

BREF sinon j’ai failli me faire tuer par un break avec un tas de merdier sur le toit, probablement des jeunes en road trip. Si c’était délibéré, c’est réussi, sinon: regarde où tu vas, ducon!

Fini pour le négatif. Ignace; je jase avec un petit vieux en mangeant mon muffin et buvant mon « thé ». Sympa, il me parle des points de service après Upsala, mon objectif de la journée à 100 km de là. Il me cite plein de noms que je connais pas, mais bon.

Son pote arrive. Il commence à lui dire que lui aussi partirait bien, à vélo, et lui décrit direct l’avantage d’aller lentement, lui dit que si, il serait capable, y’aurait juste un peu de difficultés au début. Sympa, je vous dis!!! L’espace d’un instant j’ai eu l’impression d’entendre un résumé spontané et néophyte du « Tao du vélo ». Bonne rencontre. Bon, salut les copains, c’est pas tout ça mais j’ai une rafale à attraper.

Zoom vers Upsala.

Grosse pluie en y arrivant. Bon timing. Frites de patates douces, fromage et essence pour ce soir.

210 km au compteur, vent encore favorable, soleil post-pluie, pas tard: je pousse encore un peu. J’arrive finalement à la ligne de démarcation du fuseau horaire Eastern Standard Time… à je sais pas quelle heure. C’est collé à la route, relativement hospitalier, y’a une petite rivière. 248 km, j’en ai assez pour aujourd’hui: hop, je campe là.

Point avancement global: je suis environ à 1187 km sur mon itinéraire prévu, soit un gros tiers. 185 km d’avance environ sur un trajet à 200 par jour pour l’instant, de quoi voir venir un peu de pépins ou mauvaises conditions, si jamais.

Sur ce, bonne nuit.

Samedi 4 Septembre 2021: mollesse ontarienne et rattrapage (Falcon Lake – Dryden)

Nuit de merde. Camping proche de la route, chiens qui jappent, feux d’artifice, voix et j’en passe.

Sur la route vers 8h. Plutôt agréable, trafic léger. Bonnes conditions mais vraiment pas de patate. Tendons fatigués. 14 km et me voilà en Ontario.

Je me demande s’ils avaient changé le panneau pendant les confinements.

Objectif Kenora. Pas de pêche.

Kenora: petite ville qui semble partagée entre pauvres hères autochtones et hipsters et touristes. Plus ou moins sympa. Restaus fermés ou bondés, je trace.

Musée pas visité.

Arrêt bouffe et séchage de tente un peu plus loin. Je mange ma pizza au milieu des vroum-vroums en tous genres : les petits en motocross ou miniquad, les demeurés en pickups habituels, les tarés en buggy, j’en passe et des meilleures.

Ça sèche

85 km au compteur, 13h. Faudrait se bouger un peu non? Le vent est avec moi, les douleurs estompées: au boulot. La Transcanadienne sympa et supportable. Je me prends un petit orage.

Vermillion Bay: boulangerie fermée, je me rabats sur la baraque à frites. Frites pendant le 2e orage, timing parfait. Le temps change très vite, c’est assez impressionnant.

Frites et camion

Juste avant de repartir, je jase avec Craig. Sympa! Habite à Dryden, mon but du jour, et me dit que je pourrais dormir chez lui si je veux. Bien sûr! À tantôt.

Je file le vent dans le dos et parviens à remonter la moyenne absolue à 20 à l’heure. Pfiouuu.

Je suis bien accueilli par Craig, Julie et leur cinq enfants! Craig est superviseur au CN, il me montre un peu leurs logiciels de contrôle et tout. Impressionnant!

Douche, pâtes, lit, jasette. Merci!!!

Demain, on fait du vélo, tiens.

Jeudi 2 Septembre 2021: bye, Saskatchewan (Wawota – Carberry)

Départ plus tard que ce que je voulais, mais bon. J’ai pas encore de système avec ces sacoches, alors je cherche des trucs, transfère, etc. Genre, ce matin il faisait 6 degrés, alors je me dis que c’est une bonne occasion de porter pour la première fois ma trop belle doudoune…restée sur le vélo!

Un truc dont je suis content, c’est que je peux rentrer tout le contenu de la sacoche de guidon sans la décrocher. Encore heureux parce que c’est quand même un peu la merde de l’enlever. Et aussi, j’ai résolu à Regina les problèmes d’interactions de la sacoche avec les câbles de mes composantes « vintage », ce qui est quand même pratique. Bref.

Sur la route

m’accompagnent. Les cris des rapaces appeurés par mon approche sont une jolie musique rythmant ma progression.

Quelques kilomètres plus loin…le Manitoba! Et une montée-descente, ça faisait longtemps.

Welcome to Manitoba!

Je poursuis sur la route qui a maintenant un autre numéro. Aux bonnes odeurs s’ajoute la pire imaginable: celle du pétrole. Il y a plein de petits puits partout, et quelques torchères à l’horizon. Pas de photo par contre.

Juste avant de rejoindre la Transcanadienne, un pont fermé! Ouvert juste pour moi, moyennant utilisation du haut du corps. D’ailleurs le vélo est probablement plus proche des 30 kg je pense…

Ça s’est pas écroulé quand je suis passé.

Me voilà sur l’autoroute Transcanadienne. En un mot: horrible. Une autoroute quoi. Mais bon, le vent dans le dos, c’est supportable. Le trafic n’est pas trop dense, l’asphalte est irréprochable (sauf dans les zones de construction…), l’accotement est large et « protégé » par un vibreur.

Pause vers midi à Oak Lake, burger-frites. Zéro plat végétarien au menu. Bande de rednecks.

Dandy carné

Transcanadienne, Transcanadienne.

Vers l’est: c’est bien par là.

Brandon: arrêt Canadian Tire pour acheter un élastique pour mon armature de tente, le mien est tout vieux. Réparation sur le parking. Jasette avec un petit vieux.

Je quitte la ville, route toute droite puis un petit bout de Transcanadienne, pour changer. Pas long: je prends la sortie vers Carberry. Route très sympa dans une forêt qui sent bon. Encore pas de photo.

Courses à Carberry: bouillon et gruau. Puis en cherchant de l’eau je tombe sur le camping municipal, hop, ça fera l’affaire. Douche froide et eau non potable: peut mieux faire.

Pour finir cet article, quelques photos prises au camp.

Pneu arrière après 3 mois de vélo-boulot-gravier. Va falloir que je demande un crédit pièces à mon employeur…
Spot du soir
Nouvelle version du cockpit: une banane à qui trouve la différence…

Et maintenant, dodo.

Mercredi 1er Septembre 2021: Variété saskatchewanaise

Départ vers 6h, mal et peu dormi. Je longe un peu la Transcanadienne, pas terrible. Puis commence la route 48. Vent dans le nez. Arrêt « deuxième déjeuner » à Odessa (si si), puis je passe à Montmartre, fondé par des originaires du même lieu, mais les contemporains ne semblent pas savoir que la tour Eiffel n’est pas à Montmarte.

Sieste dans le petit kiosque à pique-nique, j’en avais besoin.

En quittant la « Paris des Prairies », tombe une bonne grosse bruine. Je me fais un peu mouiller, mais rien de terrible.

J’avance pas! Pas d’énergie, maudit vent. Mais bon, je m’en sors quand même pas trop mal vues les conditions éoliennes, 100 km passés vers midi.

Kipling: soupe aux poivrons farcis dans un café-restau-boulangerie qui ne semble connaître que des plats carnés, à part les desserts. Je repars avec un crumble aux pêches. Ça et le vent qui a fini par tourner, je commence enfin à bouffer un peu de bitume.

Je finis par arriver à Wawota, mon but du jour, vers 17h30. Le camping municipal : 30$ la nuit pour être entre la rue et une caravane…bof. Mais y’a une douche. Un saut à l’épicerie pour des pâtes, thé et bananes, puis je vole une douche et vais camper ailleurs.

Pas mal de moustiques où je suis finalement installé : le karma?

Avant de plier le camp. Chercher le détail montbrehainois.
Route 48 le matin
Ça alors!
Paris!
Probablement les Champs-Élysées
Route 48 le soir
Douche

Samedi 12 Janvier 2019: vive le vent d’hiver

Enfin, une de ces froides et très ensoleillées journées d’hiver comme je les aime. L’occasion d’un exercice qui m’avait manqué: un 200 « sous zéro », ou plutôt sous -13 en l’occurence. Presque pas de photos, désolé.

Dans ma sacoche: 4 thermos de thé, des fringues de rechange en veux-tu en voilà, des biscuits, des dattes, un peu de chocolat.

Je quitte la ville par mon itinéraire de prédiction, la voie maritime du Saint-Laurent. Seul bémol: il faut passer le vélo au-dessus des barrières de l’estacade du Pont Champlain. Parce qu’évidemment, en hiver tout s’arrête et les gens/cyclistes disparaissent sous terre, alors tout ça c’est fermé. Sauf qu’en pratique le vent a balayé l’estacade sur laquelle y’a plus un pet de neige, et la voie maritime a été grattée.

Le soleil se lève. Je suis tout seul au milieu du fleuve. Les glaces chantent. C’est beau.

Ça se corse quand la route tourne vers l’ouest. Le vent est levé, la manche a air de la voie maritime bien gonflée. C’est parti pour 100 km de rude bataille.

Je me rends compte une fois arrivé sur la rive sud que le froid et la charge en partie inutile ont déchiré ma sacoche. « Oh non! », dis-je à voix haute. J’ai rien pour réparer (et par -19 autant oublier ça direct), mais j’ai une chambre à air de rechange que j’enroule autour de la victime pour limiter les dégâts.

Le vent est fort et en pleine face. J’en chie. Lindbergh a écrit à propos de sa passion aviatrice que « Adventure lay in each puff of wind », il avait raison: là en voilà, de l’aventure, dense et froide.

Évidemment, j’avance pas malgré la grande quantité d’énergie déployée. Avec les pneus à clous, le vélo de ville, la sacoche, je suis pas efficace.

Cerises sur le gâteau congelé:

  • Je teste pour la première fois des « bar mitts », sorte de gros sur-gants accrochés au guidon. C’est super efficace contre le froid, mais pour l’aérodynamisme on repassera.
  • Le rapport le plus faible sur mon vélo est 46×22. Bien trop long pour moi dans ces conditions. Je dois me mettre en danseuse souvent…ce qui nuit encore à l’aérodynamisme de l’ensemble. En gros je me sens comme une planche de contre-plaqué de 1 m par 2 m face au vent.

40 km au compteur: premiers biscuits et thé à Léry. Puis la bataille reprend. Faut pas s’arrêter trop longtemps sinon on a vite froid.

Bataille, bataille. Il fait super beau. Un peu froid aux pieds parfois, mais rien de terrible.

J’avance pas. Je peine à maintenir 17 km/h, puis 15. Je m’arrête tous les 15-20 km pour engloutir des biscuits et dattes. Le thé, bien que de moins en moins chaud, fait toujours du bien.

Je finis par arriver à Coteaux-du-Lac, ou je change un peu de cap, vers le nord. J’ai maintenant le vent un peu moins contre moi. Et il mollit. Je vais pas plus vite pour autant, ces 100 km de lutte m’ont pas mal drainé.

Km 105, pschhhhhhhh crevaison à l’avant. Dans la cambrousse et dans le vent: pas idéal. Mais il y a une maison derrière laquelle je pourrais m’abriter pas très loin. Je marche jusque là et suis accueilli par Luc, qui m’ouvre son garage et m’aide à réparer. Merci l’ami.

Je reprends la route pour un détour me permettant de contourner une route fermée en hiver par laquelle je pensais passer…quelques bornes en plus, on n’est plus à ça près.

La campagne resplendit de lumière. La quiétude est parfois troublée par les vroum-vroum des motoneiges, mais ça reste agréable.

Le vent est maintenant avec moi, mais a molli énormément. J’ai plus à me battre, sauf dans quelques petites côtes, mais je dépasse pas souvent les 20 km/h. Vue ma forme actuelle fallait pas s’attendre à un miracle de toutes façons.

J’ai faim et suis à court de biscuits. Je pousse quelques kilomètres et finis par arriver à Saint-Lazare, où je prends une soupe et des pâtes dans un café sympa. À côté de moi des nanas parlent d’applications de fitness en mangeant du gâteau au chocolat et en disant que par ce temps, y’a aucune raison d’être dehors. Bref, on n’est pas dans le même monde.

Je leur taxe leurs restes de gâteaux, jase un peu avec le gars du bistrot et repars. Le soleil vient de se coucher, il est environ 16h45 et il me reste 65 km à parcourir.

Vu que je suis rincé, j’avance pas. Mais les pâtes m’ont quand même fait du bien.

Il y a un peu de trafic du samedi soir par endroits, mais à part ça, je chantonne dans les quartiers résidentiels déserts. La nuit glaciale à venir dissuade beaucoup de faibles gens de mettre le nez dehors.

Tant bien que mal je rejoins l’île de Montréal, puis longe le fleuve jusqu’au canal de Lachine, et traverse la ville comme d’habitude, mais en plus lent.

La maison! Je suis content d’être arrivé. Ça faisait longtemps que je ne m’étais pas fatigué autant. La longue distance en hiver c’est quand même physique.

La maisonnée ne m’a pas attendu pour la raclette, mais m’en a laissé. Katia s’occupe de moi, je suis un pacha fatigué. Les patates fromagées vont me permettre de récupérer.

Sur Strava: https://www.strava.com/activities/2075658647

Vendredi 18 Septembre 2015: Palmyra – Herkimer

Réveillé assez tôt, je prends un petit-déjeuner léger, signe le petit livre d’or de mes warmsho, et suis rapidement sur la route. Merci pour tout, les canalligators!

À peine 7h30, et me revoilà sur la piste du Erie Canal. La journée promet d’être radieuse, le soleil perce la végétation bordant le chemin. Encore aujourd’hui, quand je suis tanné du gravier et/ou de la monotone piste, je prends la route. Je me permets aussi quelques raccourcis à travers la campagne new-yorkaise. Le genre de petite route peinarde, pas de trafic, si ce n’est le redneck occasionnel.

OGM

OGM

Au bout de 60 km, je crève de faim, et m’arrête dans un petit restau, où le « wrap » végé et la tarte choco-pacanes me rassasient. Hop, c’est reparti, encore le long du canal.

Le bel asphalte tout neuf!

Le bel asphalte tout neuf!

 

Before I die I want to...travel the world!

Before I die I want to…travel the world!

 

Syracuse à l'horizon

Syracuse à l’horizon

Un peu plus tard, je traverse Syracuse sans m’attarder: mon étape fait quand même plus 220 km, même en vélo de course, sans forcer ça fait quand même quelques heures de selle.

Il fait super chaud. Le canal et la pisye adjacente passent au-dessus d’une petite rivière accueillante…ni une ni deux, je vais faire trempette. C’est pas profond, mais qu’est-ce que ça fait du bien!

Petite trempette rafraîchissante

Petite trempette rafraîchissante

 

Pistounette

Pistounette

Mes hôtes m’avaient indiqué qu’une brasserie offraient de visites à Utica. C’est proche de mon objectif du jour, un peu loin donc, et j’y arrive trop tard, passé 16h. Zut! Qu’à cela ne tienne, je me rabats sur la dégustation. Sympa, les gens du magasin de souvenirs de la brasserie me permettent de laisser mon vélo dans l’arrière-boutique. Et oui, voyager léger, c’est voyager sans antivol.

Je goûte deux bières, une pale ale à la citrouille, et une plus forte. Je n’arrive pas à les retrouver sur leur site: http://www.saranac.com/

Bref, je le savais déjà, mais les américains savent aussi faire de la bonne bière, il n’y a pas que Budweiser et Coors dans ce pays.

La bière à la citrouille

La bière à la citrouille

J’ai repéré que les deux obèses du coin (enfin, les plus obèses, devrais-je dire) grignottent des trucs. Ah, il y a des bretzels au bar! À l’abordage! Ces petits trucs salés sont du plus juste effet pour rééquilibrer mes sels minéraux, et aussi éponger un peu l’alcool. Quasiment à jeun depuis mon déjeuner de ce matin, le peu de bière que j’ai bu a eu un effet non-négligeable. Attention en reprenant la route.

Course avec le train

Course avec le train

Il me reste quelques kilomètres à parcourir pour rejoindre Herkimer, ville-étape du jour. Malheureusement pas de Warmshowers ce soir, je suis dans un motel des plus pourris, entre l’interstate et le chemin de fer. Vu le bruit, je pensais que la fenêtre était ouverte, mais non, c’est juste pourri/mal isolé. Les murs sont des parpaings peints, c’est dire.

Deux pointes de pizza dont le gras a été épongé avec moins de dix serviettes en papier, et au lit. Bonne nuit!

Le parcours sur Strava: http://www.strava.com/activities/395025652

Samedi 22 Août 2015: Erie

La semaine précédente, je l’ai passée dans un motel un peu miteux de Port Colborne, à l’intersection du canal de Welland et du Lac Erie. Avant ma dernière nuit dans cette petite ville, j’ai décidé d’aller rouler vers l’ouest, en longeant ledit lac.

Ça faisait un petit moment que j’avais pas sorti mon vélo de course pour une balade relativement longue. Avant de partir, plus tôt dans la semaine, j’ai préventivement changé mon pneu arrière, qui commençait quand même à sembler peu fiable…

Cherchez la différence

Cherchez la différence

Et maintenant, on roule…allez Amadeus, plein ouest!

La route littorale est calme et agréable. Peu de trafic, le lac à gauche, pas de vent, c’est peinard. Je roule pas trop mal, 35 de croisière, dans ces conditions ça se fait bien. Peu de stops pour casser le rythme, c’est parti comme ça jusque Port Dover, la ville où je changerai de cap.

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Les éoliennes du coin, Siemens et GE, ne tournent même pas: le temps est au beau fixe. Il fait de plus en plus chaud, mais ça reste pour l’instant supportable.

Parti vers 8h, j’arrive vers 11h à Port Dover, 99.9 km au compteur…j’ai bien roulé. J’ai un peu faim, et comme par hasard je croise une boulangerie qu’a l’air pas mal. Allez, je voudrais être rentré avant 17h malgré la boucle de 240 km, mais ça a l’air cool, je prends le temps de m’arrêter et de déguster.

La terrasse est pleine, mais deux cyclistes m’invitent à leur table. Sympa les gars. Je fais la file pour commander à manger, au milieu de tout le monde qui se connaît. C’est fou ça, même si la ville est assez petite…

Je mange en compagnie de Scott et son pote, qui en fait sont de la police. Bon, mieux vaut des policiers qui font du vélo que des policiers qu’en font pas, mais quand même, je suis pas forcément dans mon élément quand même. Ils sont cool mais semblent vouloir tout savoir, déformation professionnelle.

Je passe un peu pour un fou quand je leur dis que je roule 240 km ce jour là. Ils veulent savoir qui a la plus grosse, alors je leur dis que la mienne fait 32 km/h. La moyenne, oui.

Je reprends la route, cap nord-nord ouest. Cette fois je prends des routes un peu moins agréables, mais ça va quand même. Il fait chaud, par contre. Je bois sans cesse et m’arrose le crâne.

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Une très légère brise s’est levée, mais n’est presque pas perceptible. Ça roule toujours bien. Amadeus est quand même une sacrée machine. Chaque coup de pédale est presque purement de l’énergie cinétique.

À Dunnville, 200 km au compteur environ, je prends une glace: trop faim et chaud. Comme toujours, ça a l’effet d’un bon coup de fouet.

J’arrive à Welland, début de la dernière ligne droite, le long du Canal, jusque Port Colborne. Je tombe sur les championnats de Bateaux-Dragon, qui sont jolis à voir, mais qui tuent ma moyenne et réduisent les chances d’arriver avant 17h, heure fatidique de fermeture de la boulangerie de Port Colborne. J’ai plus de pain alors pas le temps de niaiser, faut bourrer sinon le petit déjeûner de demain sera vraiment pas drôle.

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J’aime vraiment les canaux, et quand c’est à grand gabarit comme le Welland Canal, c’est encore plus beau. Je passe les ponts levants et les écluses, croisent des abrutis qui roulent en motocross à fond sur la piste, en espérant qu’ils finissent au plus profond du canal.

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J’arrive à temps à Port Colborne, je suis le dernier client de la boulangerie. Ouf! Et maintenant, il faut manger et boire…

Le parcours sur Strava: https://www.strava.com/activities/375168350