Samedi 19 Septembre 2015: Herkimer – Albany

Amadeus dans la chambre pourrie

Amadeus dans la chambre pourrie

Malgré la pourritude de ma chambre de motel, j’ai bien dormi. Grâce à la connexion Internet misérable, j’ai pu trouver un endroit approprié pour déjeuner: la boulangerie Heidelberg. Sur leur site, on dirait qu’ils font du vrai pain, mais faut pas se leurrer, en fait c’est bien sûr de la mie dans un sac en plastique. Certes, de la mie de toutes sortes, au levain ou pas…mais quand même, du pain mou, quoi.

Bref, bon déjeuner quand même, muffins et scone et « elephant ear », sorte de demi-palmier au sucre et à la cannelle. Un peu sucré, mais bon.

Aujourd’hui, je délaisse un peu les méandres et la vallée du canal Erie et de la rivière Mohawk pour les collines les bordant. Ça monte, quand même! J’y vais encore mollo, mais difficile d’être vraiment lent sur la bête de course qu’est Amadeus. Le haut des collines donne de vraiment bonnes vues sur la vallée, je trippe.

En haut d'une colline

En haut d’une colline

 

En montant une colline

En montant une colline

 

En montant une colline

En montant une colline

 

Un vieil atelier

Un vieil atelier

 

Schenectady

Schenectady

Aujourd’hui est une petite journée,  130 km au plus court pour rejoindre Albany. Comme je ne dois retrouver Julien qu’à 17h30, je me permets un détour par l’échelle d’écluses du canal Erie. Assez impressionnant. J’adore les canaux, ça donne presque envie d’en faire. Ça et des trains. Mais de toutes les matières, c’est l’éolienne que j’prèfère…

En haut des écluses

En haut des écluses

 

Le canal Erie en haut des écluses

Le canal Erie en haut des écluses

 

Une écluse

Une écluse

 

Contrebas de l'écluse

Contrebas d’une écluse

 

Waterford

Waterford

Je rentre dans Albany par le nord. Bon vent de face depuis quelques heures. Je vais dans un magasin de vélo que j’avais repéré, pour récupérer un carton. Et oui, demain je rentre en bus, et évidemment, on ne peut pas prendre de vélo tel quel avec soi. Il faut donc l’emballer, ce qui sera facile avec un gros carton à vélo.

Problème: transporter la grosse boîte. Y’a un vent de fou, je sais d’avance que transporter la grosse boîte en la tenant à bout de bras est suicidaire, mais évidemment j’essaye quand même. Après m’être pété la gueule, je réfléchis un peu. Je finis par rouler la boîte sur elle-même, ce qui n’est pas facile, vu que c’est du carton fort. Je coince le gros truc entre mon sac à dos et mon dos, et roule. Le carton dépasse de 50 cm de chaque côté, je ressemble un peu à Buzz l’éclair, mais au moins je suis stable.

Quelques bornes et me voilà chez Julien. Sur le chemin on me demande: « What is that for? Aerodynamism? » « No, I’m trying to fly, but so far, it hasn’t worked… » (« Ça sert à quoi, ça? C’est pour l’aérodynamisme? » « Non, j’essaye de voler, mais pour l’instant ça marche pas… »)

Je suis en avance, alors je repars faire un petit tour dans Albany. À un moment, je vais de feu en feu en même temps qu’une Mercedes. Après quelques centaines de mètres la conductrice me dit « You sir are a serious biker! » (« Vous, monsieur, êtes un cycliste sérieux! »). Je lui demande pourquoi, elle me dit « You’ve been keeping up with me for a while » (« Ça fait un moment que t’arrives à me suivre »). Je lui réponds qu’il y a que des feux rouges…ah, les américains et le vélo, ça fait un peu pitié.

Avion en kit

Avion en kit

 

Mercedes

Mercedes

 

Ça monte, Albany

Ça monte, Albany

 

Architecture soviétique version américaine

Architecture soviétique version américaine

Je vais déguster le cidre du coin, dans une petite cidrerie que j’avais repérée sur le chemin. Miam! Je repars un peu bourré, me fais crier dessus par un abruti, puis rentre à fond chez Julien, en faisant l’aspi à des voitures.

Petite sieste sur la pelouse, et la petite famille arrive. Ah, ça fait plaisir de se voir! On jase, on mange, on regarde le rugby, bonne nuit.

La journée sur Strava: https://www.strava.com/activities/395830706 et https://www.strava.com/activities/395830712

Vendredi 18 Septembre 2015: Palmyra – Herkimer

Réveillé assez tôt, je prends un petit-déjeuner léger, signe le petit livre d’or de mes warmsho, et suis rapidement sur la route. Merci pour tout, les canalligators!

À peine 7h30, et me revoilà sur la piste du Erie Canal. La journée promet d’être radieuse, le soleil perce la végétation bordant le chemin. Encore aujourd’hui, quand je suis tanné du gravier et/ou de la monotone piste, je prends la route. Je me permets aussi quelques raccourcis à travers la campagne new-yorkaise. Le genre de petite route peinarde, pas de trafic, si ce n’est le redneck occasionnel.

OGM

OGM

Au bout de 60 km, je crève de faim, et m’arrête dans un petit restau, où le « wrap » végé et la tarte choco-pacanes me rassasient. Hop, c’est reparti, encore le long du canal.

Le bel asphalte tout neuf!

Le bel asphalte tout neuf!

 

Before I die I want to...travel the world!

Before I die I want to…travel the world!

 

Syracuse à l'horizon

Syracuse à l’horizon

Un peu plus tard, je traverse Syracuse sans m’attarder: mon étape fait quand même plus 220 km, même en vélo de course, sans forcer ça fait quand même quelques heures de selle.

Il fait super chaud. Le canal et la pisye adjacente passent au-dessus d’une petite rivière accueillante…ni une ni deux, je vais faire trempette. C’est pas profond, mais qu’est-ce que ça fait du bien!

Petite trempette rafraîchissante

Petite trempette rafraîchissante

 

Pistounette

Pistounette

Mes hôtes m’avaient indiqué qu’une brasserie offraient de visites à Utica. C’est proche de mon objectif du jour, un peu loin donc, et j’y arrive trop tard, passé 16h. Zut! Qu’à cela ne tienne, je me rabats sur la dégustation. Sympa, les gens du magasin de souvenirs de la brasserie me permettent de laisser mon vélo dans l’arrière-boutique. Et oui, voyager léger, c’est voyager sans antivol.

Je goûte deux bières, une pale ale à la citrouille, et une plus forte. Je n’arrive pas à les retrouver sur leur site: http://www.saranac.com/

Bref, je le savais déjà, mais les américains savent aussi faire de la bonne bière, il n’y a pas que Budweiser et Coors dans ce pays.

La bière à la citrouille

La bière à la citrouille

J’ai repéré que les deux obèses du coin (enfin, les plus obèses, devrais-je dire) grignottent des trucs. Ah, il y a des bretzels au bar! À l’abordage! Ces petits trucs salés sont du plus juste effet pour rééquilibrer mes sels minéraux, et aussi éponger un peu l’alcool. Quasiment à jeun depuis mon déjeuner de ce matin, le peu de bière que j’ai bu a eu un effet non-négligeable. Attention en reprenant la route.

Course avec le train

Course avec le train

Il me reste quelques kilomètres à parcourir pour rejoindre Herkimer, ville-étape du jour. Malheureusement pas de Warmshowers ce soir, je suis dans un motel des plus pourris, entre l’interstate et le chemin de fer. Vu le bruit, je pensais que la fenêtre était ouverte, mais non, c’est juste pourri/mal isolé. Les murs sont des parpaings peints, c’est dire.

Deux pointes de pizza dont le gras a été épongé avec moins de dix serviettes en papier, et au lit. Bonne nuit!

Le parcours sur Strava: http://www.strava.com/activities/395025652

Samedi 22 Août 2015: Erie

La semaine précédente, je l’ai passée dans un motel un peu miteux de Port Colborne, à l’intersection du canal de Welland et du Lac Erie. Avant ma dernière nuit dans cette petite ville, j’ai décidé d’aller rouler vers l’ouest, en longeant ledit lac.

Ça faisait un petit moment que j’avais pas sorti mon vélo de course pour une balade relativement longue. Avant de partir, plus tôt dans la semaine, j’ai préventivement changé mon pneu arrière, qui commençait quand même à sembler peu fiable…

Cherchez la différence

Cherchez la différence

Et maintenant, on roule…allez Amadeus, plein ouest!

La route littorale est calme et agréable. Peu de trafic, le lac à gauche, pas de vent, c’est peinard. Je roule pas trop mal, 35 de croisière, dans ces conditions ça se fait bien. Peu de stops pour casser le rythme, c’est parti comme ça jusque Port Dover, la ville où je changerai de cap.

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Les éoliennes du coin, Siemens et GE, ne tournent même pas: le temps est au beau fixe. Il fait de plus en plus chaud, mais ça reste pour l’instant supportable.

Parti vers 8h, j’arrive vers 11h à Port Dover, 99.9 km au compteur…j’ai bien roulé. J’ai un peu faim, et comme par hasard je croise une boulangerie qu’a l’air pas mal. Allez, je voudrais être rentré avant 17h malgré la boucle de 240 km, mais ça a l’air cool, je prends le temps de m’arrêter et de déguster.

La terrasse est pleine, mais deux cyclistes m’invitent à leur table. Sympa les gars. Je fais la file pour commander à manger, au milieu de tout le monde qui se connaît. C’est fou ça, même si la ville est assez petite…

Je mange en compagnie de Scott et son pote, qui en fait sont de la police. Bon, mieux vaut des policiers qui font du vélo que des policiers qu’en font pas, mais quand même, je suis pas forcément dans mon élément quand même. Ils sont cool mais semblent vouloir tout savoir, déformation professionnelle.

Je passe un peu pour un fou quand je leur dis que je roule 240 km ce jour là. Ils veulent savoir qui a la plus grosse, alors je leur dis que la mienne fait 32 km/h. La moyenne, oui.

Je reprends la route, cap nord-nord ouest. Cette fois je prends des routes un peu moins agréables, mais ça va quand même. Il fait chaud, par contre. Je bois sans cesse et m’arrose le crâne.

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Une très légère brise s’est levée, mais n’est presque pas perceptible. Ça roule toujours bien. Amadeus est quand même une sacrée machine. Chaque coup de pédale est presque purement de l’énergie cinétique.

À Dunnville, 200 km au compteur environ, je prends une glace: trop faim et chaud. Comme toujours, ça a l’effet d’un bon coup de fouet.

J’arrive à Welland, début de la dernière ligne droite, le long du Canal, jusque Port Colborne. Je tombe sur les championnats de Bateaux-Dragon, qui sont jolis à voir, mais qui tuent ma moyenne et réduisent les chances d’arriver avant 17h, heure fatidique de fermeture de la boulangerie de Port Colborne. J’ai plus de pain alors pas le temps de niaiser, faut bourrer sinon le petit déjeûner de demain sera vraiment pas drôle.

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J’aime vraiment les canaux, et quand c’est à grand gabarit comme le Welland Canal, c’est encore plus beau. Je passe les ponts levants et les écluses, croisent des abrutis qui roulent en motocross à fond sur la piste, en espérant qu’ils finissent au plus profond du canal.

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J’arrive à temps à Port Colborne, je suis le dernier client de la boulangerie. Ouf! Et maintenant, il faut manger et boire…

Le parcours sur Strava: https://www.strava.com/activities/375168350

Samedi 23 Mai 2015: le vent de la frontière

Fait beau, il y a du vent, c’est parti pour quelques kilomètres en solo sur la rive sud. Je voulais aller voir le coin sud-ouest du Québec, qui m’était encore inconnu.

Je sors de la ville par la voie maritime, cette bande asphaltée sur la digue séparant le Saint-Laurent de sa voie navigable. J’ai déjà un peu de vent dans le nez. 20-25 km/h dans la face, ça calme. Cap au sud-ouest, direction Franklin, petit bled proche des lignes.

Je traverse la Montérégie. Saint-Rémi et ses belles E-82, les pâtures, les champs, les bosses dans les bois. C’est une belle région. Il y a même quelques ponts couverts, dont un que je franchis.

Après Franklin, je me tape plusieurs dizaines de kilomètres cap plein ouest, avec le vent dans le nez bien comme il faut. Je pédale un peu nonchalamment, mais parviens à me maintenir au-dessus de 20 km/h en général, malgré Éole.

Dundee, petit poste frontière, est au bout de cette longue ligne droite. C’est d’ici que part la route 132, la même que j’empruntais souvent en Gaspésie, et qui va jusqu’à l’autre bout de la province.

Je résiste à l’envie de prendre les petits chemins pour aller voir ladite frontière. D’une part je veux rentrer assez tôt à Montréal, d’autre part je ne suis pas sûr de vouloir titiller le « border patrol »…

Après Dundee, enfin, j’ai le vent dans le dos, je vais pouvoir rattraper un peu le temps. Zoom, Amadeus vole, propulsé à 45 km/h. Je regrette presque d’avoir un pédalier compact.

Je passe par le canal de Beauharnois, majesté du génie civil québécois. À la jonction entre le canal et le fleuve, le vent est fort, fait déferler les vagues sur le petit point de vue, et déséquilibre ma bécane bien trop légère pour cette météo.

Je longe le canal sur la super piste, merci Hydro-Québec, et suis maintenant presque de retour en ville. Beauharnois, Chateauguay, Kahnawake, je connais la route par cœur. Un bateau passe l’écluse de Sainte-Catherine, le pont est levé. Je jase avec le gardien en attendant.

La boucle est bouclée, je prends la voie maritime dans l’autre sens. Au final, à peu près 250 km en un peu plus de 9h, pas si mal. En tous cas j’ai trippé!

Le parcours sur Strava: https://www.strava.com/activities/310407796

Samedi 02 Mai 2015: 118 + 87

Aujourd’hui se tenait un brevet de 200 km. Vue la journée magnifique et les autres raisons, j’y suis allé. Au départ, il y avait vraiment du monde. De ma courte expérience de randonneur, je n’avais jamais vu autant de cyclistes au départ d’un brevet. Ça fait plaisir!

Je rencontre Claude, autre maudit français, que je connaissais jusqu’à présent seulement par Strava et mails interposés. Sympa le mec, on jase juste après le départ, dans les rues de la sale banlieue montréalaise. Jusqu’à ce que…à une intersection, Fred « la fusée » Perman part. Zoom, c’est parti, Claude et moi le suivons. Bon, quelques kilomètres plus loin on se plante de chemin, ça commence bien.

Faux départ donc…vite rattrapé. On rejoint le reste du groupe, qu’on distance rapidement, pour relayer à 37 km/h sur les routes montérégiennes. Je sens que je tiendrai pas toute la randonnée à ce rythme, mais persévère et essaye de travailler pour mes amis aussi. Mais il apparaît assez vite que je n’ai pas la forme qu’ils ont!

On continue à ce rythme jusqu’au premier contrôle. Rapide tampon, pipi-eau, et c’est reparti. On croise nos poursuivants, qui eux aussi semblent avoir bien avionné.

Je sens mes relais de plus en plus poussifs, et suis donc de moins en moins souvent devant. On atteint rapidement les premières petites bosses sur la route de la Covey Hill. Je sens déjà mes cuisses chauffer…

Dès que la montée se fait sentir (aux premières centaines de mètres à 8 %, quoi), je décroche. Je sens des crampes monter…pourtant j’ai bu genre 2 litres d’eau en ces 90 premiers kilomètres! Mon corps n’est probablement tout juste pas habitué à cette allure, cet effort.

Mes compères me distancent dans la montée, et je monte à mon rythme. Mon petit braquet me semble si long! J’ai chaud, et regrette un peu de ne pas avoir enlevé une couche.

Sympa, ils m’attendent en haut. Je cravache tant bien que mal pour les rejoindre, mais oublie ça, je peux pas relayer. Je me contente de faire un effort de temps en temps, et reste derrière sinon. Désolé les gars.

On descend vers Franklin. L’asphalte est pourrie. Zooom, et nous voilà au second contrôle. Encore une fois, on ne traîne pas. Et nous voilà sur la route du retour, avec une brise dans le dos pour quelques kilomètres.

J’observe le pédalage de mes collègues. Fred a un coup de pédale dur, un peu impulsif, j’ai l’impression qu’il cherche à enfoncer quelque chose dans le sol à chaque révolution du pédalier. En revanche, Claude est bien plus lisse, impressionnant de régularité, il donne l’impression que c’est super-facile de rouler à 45 km/h.

Je jette quelques forces dans de courts relais clairement pas du même calibre que ceux de ces deux machines à rouler. Et au bout d’un d’entre eux, c’est le drame: mes jambes crampent. J’ai bu pourtant, et mangé deux bananes! Je comprends pas. Je tente de rester dans les roues, mais ça continue, il faut que je relâche mon effort. Je crie à Fred et Claude d’y aller et que j’ai des crampes, je ne veux pas être un boulet.

Ainsi se sont passés les 118 premiers kilomètres.

Dans les secondes qui suivent le relâchement, je me dis que merde, c’est dommage, que je pourrais quand même faire un effort, quoi. J’attaque un peu, mais suis assez vite ramené à la raison par mes jambes.

Je ralentis. Je me mets à mon rythme, et bois, et bois. Je profite du paysage, en plus c’est maintenant la partie du parcours que je préfère. Et je me dis que ce sera pas plus mal, faire quand même une bonne partie de la randonnée par mes propres moyens, et sans être le truc qui traîne dans les sillages des fusées…

Mes pieds ont aussi des crampes, maintenant! J’adore. Je bois encore.

Au bout de quelques dizaines de minutes, mes crampes se calment enfin. Allez Lou, ya! Je roule peinard, le vent est maintenant de côté/face. Et c’est à moi de le fendre!

J’arrive au dernier contrôle, où je ravitaille en eau. Je dois en être à environ 3.4 litres. J’enlève mes chaussures et relaxe un peu en bouffant des biscuits dans les vapeurs d’essence. (Ouai, c’est une station essence.)

Je repars, restent 40 km…rien du tout, quoi. La route est belle (comme quoi tout arrive!), il fait beau, je trippe.

Bon, j’ai trop bu. Arrêt-pipi.

Saint-Philippe, dernier village résistant à l’étalement urbain montréalais…encore quelques bornes et je me ferai ch…dans la banlieue. D’ailleurs, m’y voilà déjà. Je roule sur les boulevards-autoroutes, vent dans le dos, hop.

Mon GPS plante. Hum, heureusement, il plante modérément et je peux afficher le chemin. Ça tombe bien, parce que je ne le connais pas par coeur…

Quelques feux, quelques stops, quelques chauffards, et me voilà arrivé au dernier dépanneur-contrôle. Fred et Claude relaxent au soleil. Ils ont terminé en 6h23, moyenne roulée de 34.4 km/h. Des machines! Pour ma part, il est 14h02, j’ai donc mis 7h02 à boucler le parcours, en grande partie grâce à mes deux acolytes d’une autre planète. Chapeau les gars, et merci!

Claude et moi repartons vers Montréal en causant. On se reverra bientôt pour la flèche…mais à un autre rythme!

Le parcours sur Strava: https://www.strava.com/activities/296840630

Samedi 25 Avril 2015: Populaire

La randonnée populaire du CVRM, troisième fois pour moi. Une petite boucle de 147 km sur la rive Sud de Montréal, à travers la plate Montérégie (entendez, sans relief).

C’était l’occasion de revoir les collègues randonneurs, dont la fusée Fred Perman, avec qui j’avais roulé le même trajet il y a deux ans de cela. La balade la plus rapide de mon existence, on avait bouclé le tout en 4h26.

Je m’étais dit que j’allais réitérer l’expérience de ce rythme soutenu, pour voir. Mais j’ai vite lâché prise: au bout de 20 km, j’ai laissé tomber. Pourtant, on était quasiment qu’en ville…mais relancer et relayer à 40-42 km/h, c’est trop pour moi, j’imagine. Justement, je finissais mon premier vrai relais, quand on se fait rattraper par la vélomobile d’Alain Cuillerier, qui lui peut maintenir cette allure avec moins de peine: le carénage et la position couchée aident!

Fred se met dans le sillage du tricycle et accélère, genre 45-50 km/h. Oublie ça, j’ai pas la motivation/la force pour les suivre.

Je continue à un rythme un peu plus peinard. Le vent est parfois assez méchant, mais Amadeus, mon beau vélo de course, en a vu d’autres. À part ça, il fait vachement beau, bien meilleur que ce qui avait été annoncé à la météo. Je lutte, mais je m’amuse bien quand même.

Je m’arrête à Saint-Paul-de-l’Île-aux-Noix pour le fameux pointage de carte de brevet. Un petit peloton arrive juste avant que je ne reparte. Il fait pas chaud-chaud, genre 7-8 degrés, je ne les attends pas, pensant que de toutes façons ils vont me reprendre assez vite.

La péripétie du jour: un petit pont qu’on devait emprunter est coupé, en train d’être refait. Zut alors…n’ayant pas envie de faire le détour, je tente de voir si je ne peux pas franchir le chantier de remplacement dudit pont…mais tout ce que je réussis à faire, c’est enfoncer une jambe dans la boue jusqu’au genou. Ça n’avait pourtant pas l’air si mou…! Bon, puisque les éléments s’allient tous contre moi, j’ai quand même pris le détour.

Finalement, je roule jusqu’au second point de contrôle, kilomètre 100 environ, avant de revoir le groupe qui me suivait. Nous parcourrons la dernière quarantaine de kilomètres ensemble. Je jase avec quelques-uns, c’est cool.

À quelques kilomètres de la fin, j’ai plus rien à bouffer, mais j’ai bel et bien faim…j’ai mal calculé mon coup. Heureusement, Martin me passe un bout de muffin maison. Merci l’ami! 🙂

On est au dernier dépanneur-checkpoint à 14h40. Petite jasette au soleil, puis certains rejoignent le point de départ, et d’autres roulent vers Montréal. Personnellement, j’ai traîné péniblement mon hypoglycémie jusqu’à la maison.

06 Juillet 2014: Causapscal – Dalhousie et retour

Me voilà de retour en Gaspésie, ou presque, pour le travail. Alors, hier, je me suis fait une petite sortie pour fêter ça. 244 km au départ de Causapscal, où je suis basé ces temps-ci. Ça soufflait, l’ouragan Arthur balayait le reste des Maritimes. Éole m’a poussé pour descendre la vallée de la Matapédia (genre, plus de 35 km pendant la première heure), mais pour revenir, j’en ai un peu chié.

Val d’Amour, petit village sur les plateaux du Nouveau-Brunswick, offre une belle vue sur la Baie des Chaleurs.

J’ai mangé une bonne « tarte à Coune », genre de tarte au sucre, en chemin.

J’ai crevé à 1 km de l’arrivée, c’est frustrant.

Mes chaussures ou semelles me torturent.

Mon aversion pour tout ce qui fait du bruit et va vite grandit de jour en jour.

Le parcours sur Strava est .

07 Juin 2014: Barra Strait

Ce samedi s’annonçait nuageux et un peu pluvieux, mais demain c’est le « North Sydney Farmers’ Market », avec plein de bon trucs de producteurs locaux à vendre, alors c’est aujourd’hui que j’ai roulé. Finalement, pas de pluie, juste un peu de grisaille.

Je voulais me tester un peu sur mon vélo de route, depuis ma blessure de Septembre 2013 j’avais pas roulé plus de 75 km avec. Alors c’est parti pour un petit 200.

Il roule, ce vélo, moins confortable que mon Tornado d’amour, mais agréable quand même. Le bruit de la roue libre Campagnolo est inimitable et très agréable.

Mais pas question de ne pas pédaler pour l’entendre, hop, appuie sur les pédales. J’osais espérer boucler mon parcours à plus de 30 de moyenne, mais vu le vent qui me ralentit dès le début, j’oublie vite l’idée. Les 110 premiers kilomètres, ainsi que les 40 derniers, se sont avérés être une bataille contre Éole. Ça plus les routes pourries voire en gravier, j’avance pas des masses. Mais je trippe quand même, le paysage est beau, j’ai relativement peu de trafic, c’est cool.

L’objectif de la balade du jour était le « Barra Strait« , un détroit que j’avais vu sur une carte postale et qui me semblait joli. En effet, malgré la grisaille, c’est un bel endroit. L’île du Cap Breton recelle décidément de paysages agréables.

Jusque là, j’ai pris une petite route à travers les bois et les quelques villages du coin, relativement sympathique. Ça monte et descend gentiment, aujourd’hui n’est pas le jour des grandes ascensions. À peine deux montées non-négligeables, donc la désormais connue Kellys Mountain.

Pour rejoindre la grosse route (de merde) 105 qui me ramène à mon motel après les 110 premiers kilomètres, j’emprunte le ferry de Little Narrows. Zut, j’ai pas pris d’argent..,ah, ça tombe bien, c’est gratuit pour les cyclistes. Littéralement, le mec m’a dit « on ne prend pas l’argent des cyclistes », l’anglais est parfois rigolo.

Je me farcis la grosse route, mais ça va, le trafic est assez relax, et j’ai de bons passages de vent dans le dos, alleluia. Il était temps, après 110 bornes de lutte…

Je finis par arriver au pied de la Kellys Mountain, ça y est, le vent est de nouveau contre moi, encore plus fort. Un vent du nord, bien frais, qui me gèle (chair de poule générale, il fait moins de 9 degrés, et je n’ai qu’un maillot tout fin). La montée me réchauffe un peu, malgré le manque d’énergie: 170 km sans repas, à peine quelques saloperies sucrées, mais j’ai VRAIMENT bien déjeûné ce matin. La descente à contrevent me donne carrément froid, je ne suis pas fâché d’arriver en bas et de perdre de la vitesse.

En bas, justement, c’est le Seal Island Bridge. Bizarre, plein de monde est arrêté aux pieds du pont. La raison: la police le bloque. C’était donc ça, les deux autos-patrouille qui m’ont doublé à fond la caisse!  Je jase vite fait avec Kenneth, un terre-neuvien en route vers le traversier avec son gros camping car (de marde). Il me dit qu’il y a un « jumper » sur le pont, c’est à dire un pauvre gars ou une pauvre fille qui a décidé de se jeter du pont. La police a bloqué le trafic dans les deux sens pour pouvoir la/le sauver.

Me voilà donc à attendre, espérant que la/le pauvre change d’idée et qu’on le voie pas sauter. On voit rien d’où on est, mais au bout de quelques dizaines de minutes, un abruti sans respect est évidemment avec des jumelles. Il verra rien non plus, puisque c’est à peu près le moment où la situation se débloque. La police débarrasse le pont du pick-up de la victime, le trafic reprend en sens opposé. Je me risque à passer le pont avant tout le monde qui attend dans mon sens, bien que Kenneth ait proposé que je passe devant et qu’il bloque les gens de derrière pour pas que je me fasse dépasser par tout le monde sur ce pont étroit. Sympa, le Kenneth.

Finalement je passe le pont, il y a encore plein d’autos de police/services de santé/pompiers stationnées dans la voie que j’emprunte, donc je ne suis pas emmerdé par d’éventuels dépassements pour l’instant. Une fois sur Boularderie Island, je prends un petit détour pour éviter une bonne partie de ce qui me reste de route 105, et le flot de motoristes libérés qui ne devrait pas tarder. Je suis un peu vidé pour les derniers kilomètres, finalement je suis de retour vers environ 17 h, après 8h sur la route, dont environ 7h de selle, pour un total de 201 km. Voir le parcours sur Strava.