Samedi 19 Janvier 2019: banquise

Il a fait froid ces derniers jours. Qui dit froid dit glace. Qui dit glace dit…pont de glace! Entre Oka et Hudson, là ou navigue en été le traversier, la rivière gèle d’une rive à l’autre. L’épaisseur de glace ne permet pas encore l’ouverture du pont aux vroum-vroums (à part les vroum-vroums légers style quads et motoneiges, « quat’roues » et « ski-doo » en québécois dans le texte). Mais je me suis dit qu’à vélo ça devrait le faire.

Je pars en retard. Il fait pas chaud, genre -24, je roule avec écharpe et lunettes de ski. Le vent de dos me pousse jusqu’à Oka sans trop d’effort, j’admire le soleil se lever sur la rivière des Prairies.

Le ciel n’est pas super dégagé, mais c’est presque tant mieux parce qu’il ferait encore plus froid sinon.

Pas grand chose à signaler, j’atteins l’embouchure du pont. Bon, y’a de la neige et j’ai pas de fat bike, alors faut pousser, qu’à cela ne tienne. La banquise en vaut la chandelle.

Retour par Vaudreuil le vent dans le nez, assez dur. -23 avec 20 km/h de vent, ça forge le caractère…mon braquet de ville est toujours trop long pour ces conneries.

Au fur et à mesure, j’ai l’impression que mon vélo se congèle. L’impression que je freine en roulant, alors que c’est probablement le vent et les lubrifiants visqueux qui dissipent mon énergie.

Je manque de me faire tuer au coin Peel/Saint Antoine, à 2 m près un abruti me tournait dessus, alors qu’il était dans une voie de gauche. Chapelet de jurons vociférés à son encontre, gâchis d’adrénaline. Ça fait plusieurs fois que ça passe pas loin, ces derniers jours. Je vais me mettre à rouler avec une batte.

Traversée laborieuse du centre-ville. J’avance pas et peine à attraper les vagues vertes.

Je suis de retour vers 14h, j’ai faim et un peu l’air d’un glaçon à pédales. Mon pied gauche est plutôt froid.

Je démarre le feu, fais chauffer de l’eau. On apprécie mieux le thé après quelques heures au congélo, je trouve.

Sur Strava: https://strava.app.link/2jlwjTeiDT et https://strava.app.link/r041AEliDT

Samedi 12 Janvier 2019: vive le vent d’hiver

Enfin, une de ces froides et très ensoleillées journées d’hiver comme je les aime. L’occasion d’un exercice qui m’avait manqué: un 200 « sous zéro », ou plutôt sous -13 en l’occurence. Presque pas de photos, désolé.

Dans ma sacoche: 4 thermos de thé, des fringues de rechange en veux-tu en voilà, des biscuits, des dattes, un peu de chocolat.

Je quitte la ville par mon itinéraire de prédiction, la voie maritime du Saint-Laurent. Seul bémol: il faut passer le vélo au-dessus des barrières de l’estacade du Pont Champlain. Parce qu’évidemment, en hiver tout s’arrête et les gens/cyclistes disparaissent sous terre, alors tout ça c’est fermé. Sauf qu’en pratique le vent a balayé l’estacade sur laquelle y’a plus un pet de neige, et la voie maritime a été grattée.

Le soleil se lève. Je suis tout seul au milieu du fleuve. Les glaces chantent. C’est beau.

Ça se corse quand la route tourne vers l’ouest. Le vent est levé, la manche a air de la voie maritime bien gonflée. C’est parti pour 100 km de rude bataille.

Je me rends compte une fois arrivé sur la rive sud que le froid et la charge en partie inutile ont déchiré ma sacoche. « Oh non! », dis-je à voix haute. J’ai rien pour réparer (et par -19 autant oublier ça direct), mais j’ai une chambre à air de rechange que j’enroule autour de la victime pour limiter les dégâts.

Le vent est fort et en pleine face. J’en chie. Lindbergh a écrit à propos de sa passion aviatrice que « Adventure lay in each puff of wind », il avait raison: là en voilà, de l’aventure, dense et froide.

Évidemment, j’avance pas malgré la grande quantité d’énergie déployée. Avec les pneus à clous, le vélo de ville, la sacoche, je suis pas efficace.

Cerises sur le gâteau congelé:

  • Je teste pour la première fois des « bar mitts », sorte de gros sur-gants accrochés au guidon. C’est super efficace contre le froid, mais pour l’aérodynamisme on repassera.
  • Le rapport le plus faible sur mon vélo est 46×22. Bien trop long pour moi dans ces conditions. Je dois me mettre en danseuse souvent…ce qui nuit encore à l’aérodynamisme de l’ensemble. En gros je me sens comme une planche de contre-plaqué de 1 m par 2 m face au vent.

40 km au compteur: premiers biscuits et thé à Léry. Puis la bataille reprend. Faut pas s’arrêter trop longtemps sinon on a vite froid.

Bataille, bataille. Il fait super beau. Un peu froid aux pieds parfois, mais rien de terrible.

J’avance pas. Je peine à maintenir 17 km/h, puis 15. Je m’arrête tous les 15-20 km pour engloutir des biscuits et dattes. Le thé, bien que de moins en moins chaud, fait toujours du bien.

Je finis par arriver à Coteaux-du-Lac, ou je change un peu de cap, vers le nord. J’ai maintenant le vent un peu moins contre moi. Et il mollit. Je vais pas plus vite pour autant, ces 100 km de lutte m’ont pas mal drainé.

Km 105, pschhhhhhhh crevaison à l’avant. Dans la cambrousse et dans le vent: pas idéal. Mais il y a une maison derrière laquelle je pourrais m’abriter pas très loin. Je marche jusque là et suis accueilli par Luc, qui m’ouvre son garage et m’aide à réparer. Merci l’ami.

Je reprends la route pour un détour me permettant de contourner une route fermée en hiver par laquelle je pensais passer…quelques bornes en plus, on n’est plus à ça près.

La campagne resplendit de lumière. La quiétude est parfois troublée par les vroum-vroum des motoneiges, mais ça reste agréable.

Le vent est maintenant avec moi, mais a molli énormément. J’ai plus à me battre, sauf dans quelques petites côtes, mais je dépasse pas souvent les 20 km/h. Vue ma forme actuelle fallait pas s’attendre à un miracle de toutes façons.

J’ai faim et suis à court de biscuits. Je pousse quelques kilomètres et finis par arriver à Saint-Lazare, où je prends une soupe et des pâtes dans un café sympa. À côté de moi des nanas parlent d’applications de fitness en mangeant du gâteau au chocolat et en disant que par ce temps, y’a aucune raison d’être dehors. Bref, on n’est pas dans le même monde.

Je leur taxe leurs restes de gâteaux, jase un peu avec le gars du bistrot et repars. Le soleil vient de se coucher, il est environ 16h45 et il me reste 65 km à parcourir.

Vu que je suis rincé, j’avance pas. Mais les pâtes m’ont quand même fait du bien.

Il y a un peu de trafic du samedi soir par endroits, mais à part ça, je chantonne dans les quartiers résidentiels déserts. La nuit glaciale à venir dissuade beaucoup de faibles gens de mettre le nez dehors.

Tant bien que mal je rejoins l’île de Montréal, puis longe le fleuve jusqu’au canal de Lachine, et traverse la ville comme d’habitude, mais en plus lent.

La maison! Je suis content d’être arrivé. Ça faisait longtemps que je ne m’étais pas fatigué autant. La longue distance en hiver c’est quand même physique.

La maisonnée ne m’a pas attendu pour la raclette, mais m’en a laissé. Katia s’occupe de moi, je suis un pacha fatigué. Les patates fromagées vont me permettre de récupérer.

Sur Strava: https://www.strava.com/activities/2075658647

Samedi 28 Février 2015: Zengarry

J’ai récemment découvert, ou redécouvert, les fromages de noix de cajou de Zengarry. C’est une petite madame qui fait ça, à Alexandria, en Ontario, à environ une centaine de kilomètres de Montréal. C’est pas donné, mais qu’est-ce que c’est bon!

Bref, c’était une bonne excuse pour une balade d’une journée entière. Ce samedi s’annonçait superbe, grand soleil, températures clémentes, vent modéré. Alors, en selle!

Sur la route dès le levant, j’emprunte mon parcours habituel pour me rendre jusqu’à Oka. Et oui, bien sûr, je n’allais pas rater une occasion de franchir une fois de plus le pont de glace.

Rien à signaler jusque là, si ce n’est le vent de face et le manque d’énergie. J’ai pas mangé de pâtes la veille…

Le pont de glace est toujours aussi beau, et bizarrement le vent y est aujourd’hui très calme. Je profite de la banquise, il fait environ -13, c’est très agréable. Voyez-donc ici (ou en bas de cet article).

Je poursuis ensuite vers Rigaud, en m’arrêtant de temps en temps pour quelques biscuits. Mes réserves d’eau s’amenuisent. Et c’est quand je serai au milieu de la campagne ontarienne, avec vraiment pas grand monde aux alentours, que je suis à sec. Je mange un peu de neige fraîche pour m’hydrater.

Caramba, mon pneu arrière est sacrément mou. Ne serait-ce pas une crevaison lente? Continuons, on verra bien.

Le vent me draine toute mon peu d’énergie. Je me traine à 15 km/h. Alexandria est encore à 30 km. Mon pneu arrière tout mou achève de me fatiguer. Je n’ai pas envie de réparer en plein vent au milieu de nulle part, même si la température est maintenant presque tropicale, au-dessus de -10 degrés.

Plusieurs fois je songe à laisser tomber. Éole, t’aurais aimé ça, hein? Eh bin non, j’y arriverai, lentement, mais probablement.

Et voilà, finalement, Alexandria! Ça fait du bien d’atteindre le point de demi-tour. Je me trouve le précieux fromage de cajou, et me rassasie dans le petit restau sympa du coin, le Quirky Carrot.

Je répare ma crevaison en digérant, sur le trottoir abrité, au soleil. Et c’est reparti, vent dans le dos, soleil, neige à perte de vue, sauf sous mes roues. Le pied. Les 15 km/h se transforment en 35, je vole. Et j’ai chaud! Il fait -7, j’enlève mon pantalon et mes couvres-chaussures et profite de la douceur.

Je suis l’itinéraire que j’avais programmé dans mon Garmin. Manque de bol, il m’emmène dans un cul-de-sac en ces temps de chemins non-déneigés. Note à soi-même: ne pas essayer de sortir des « grosses » routes en hiver.

Voyant un chemin un peu plus loin sur ma carte, je décide de pousser mon vélo dans des traces de gens passés en raquettes et/ou quad. Manque de bol le chemin s’avère être une piste de motoneige. Putain, 2 km à pousser le vélo sur une piste à moitié damée, quelle merde. Enfin, j’étais content de voir des bagnoles et de l’asphalte, après ça…!

Retour vers le Québec sans encombre, la campagne est belle, il y a un peu de trafic, mais tout va bien.

À Vaudreuil, je me trompe de chemin, et fais un détour stupide. Comme si j’avais de l’énergie à gacher là-dedans.

Je traverse l’Île Perrot, puis suis de retour sur l’Île de Montréal. Encore 35 km à parcourir et je suis au chaud et nourri…qu’est-ce qu’il est long, le chemin du Bord du Lac!

Je finis quand même par y arriver, il est presque 20h30. Je suis hagard en passant le canal Lachine, encore quelques centaines de mètres. Mes mouvements sont lents, je suis rincé.

En fait je suis presque mal. J’ai plus d’énergie, j’aurais dû me faire quelques biscuits avant d’arriver. Ma douce s’occupe bien de moi, merci.

Bref, une fin un peu approximative, quelques déboires, mais une super journée quand même.

Le parcours sur Strava.

 


Dimanche 15 Février 2015: Vélo Sous Zéro (et plus si affinités)

Ce dimanche se tenait l’événement de vélo hivernal de Vélo-Québec: « Vélo Sous Zéro », partie du festival « Go Vélo Montréal » (vive la francophonie). Une petite boucle dans Montréal, 15 km sympathiques. Il faisait assez froid, genre -18, grand soleil, et bon vent.

Je rejoins mon pote Charles. Une fille de Vélo-Québec nous pose la question à la con: « pourquoi vous faîtes du vélo l’hiver? ». Je ne sais que répondre, et sur le coup ne pense pas à dire que c’est une question à la con. Ça finit donc en « eeeeeuuuh pourquoi pas? » Charles est plus loquace. Bref, si même les gens qui font du vélo demandent aux autres gens qui font du vélo pourquoi ils font du vélo, on est mal barrés. C’est évident, on fait du vélo, c’est tout, quoi. C’est absolu et autosuffisant, c’est comme dire qu’on respire pour vivre.

On jase tout au long du parcours. Pendant un moment on suit un « pentacycle », sorte de tandem tricycle à 5 roues, trop cool le truc. Surtout qu’il a un ampli qui crache du Black Sabbath. On trippe.

Après cette mise en bouche, on va bouffer chez La Panthère Verte, restau végétalien bio. Je me prends le viramisu (tiramisu végétalien) en dessert, pouah, ça fait beaucoup, maintenant faut rouler un peu pour brûler tout ça. J’avais lancé un appel aux copains au groupe de mordus de vélo d’hiver de Montréal, sur un réseau social bien connu, et un acolyte m’avait répondu. Cool, une balade pas-solo.

Je fais connaissance de Claude, vraiment cool le bonhomme. Il conduit des autobus quand il n’est pas sur son vélo. Je me demande si ce n’est pas lui qui m’avait agréablement surpris lors de mes premiers mois à Montréal, que je prenais le bus et que j’étais tombé sur un chauffeur qui annonçait ses arrêts avec une grosse voix. Bref, on part, il est 13h.

Le truc, c’est qu’on n’avait pas vraiment le même rythme…et qu’on allait un peu trop lentement pour arriver au pont de glace assez tôt. Et oui, encore une fois le pont de glace Oka-Hudson est le but de la balade.

Claude et moi nous séparons donc au bout d’environ 17 km, et je poursuis seul contre le vent. Sans rancune Claude, on remettra ça en partant le matin.

Je continue à Laval, sur le parcours presque habituel qui me mène vers Oka. Rien à signaler, sauf sur la route 344 où les gens roulent comme des fous, pour changer.

Les quelques côtes sont laborieuses, mais heureusement les rapports de mon Neige sont bien étagés. Hop hop, on tourne les jambes, puis on descend vers le pont de glace!

Il vente, il fait -22, bref, faut se couvrir. Mais encore une fois, quel plaisir que de rouler sur la banquise!

La neige balayée par le vent forme de petites congères, c’est joli. Un pick-up équipé d’une lame gratte les plus grosses accumulations, qui s’envolent dans un énorme nuage de poudreuse.

Me voilà de l’autre côté, je roule vent dans le dos vers Vaudreuil. Un chasse-neige m’ouvre la route!

Traversée vers l’île Perrot. Je fais pipi depuis le pont dans la rivière des Outaouais, mais c’est pas assez haut pour que ça se transforme en neige.

Pas grand-chose à signaler sur le retour, le soleil se couche, le ciel est clair, il fait -23, ça roule. Je regrette un peu de ne pas avoir mis mes couvre-chaussures, mais j’ai aussi la flemme de m’arrêter pour les mettre…

Le parcours sur Strava: https://www.strava.com/activities/255801975/embed/a5d12a47358e40f10001bed94a64a24396a19230

Edit: voir et si j’y suis!

Dimanche 1er Février 2015: Chatoka

Encore une superbe journée d’hiver! Grand soleil, donc comme toujours dans ces cas là, il fait pas chaud…maximum -14.9, minimum -21.

Je pars encore vers 7h, cette fois cap au sud-ouest. Le ciel de l’aube est très clair, ça promet! J’emprunte le nouveau pont de l’île des Sœurs. La piste cyclable est bien plus large que la précédente, elle est déneigée, c’est le pied.

Sur l’île des Sœurs, un de mes endroits les moins aimés de Montréal (un jour peut-être je détaillerai pourquoi), je « coule » évidemment tous les stops: il n’y a pas un chat à cette heure. Sauf deux pauvres gars qui attendent le bus par -20 degrés, quelle drôle d’idée. Un des deux, me voyant ne pas m’arrêter, me fait une remarque du genre « Eh! Tu sais pas t’arrêter au stop? » Je sais pas si c’était un abruti de « cochon » ou juste un abruti, mais je l’ai copieusement ignoré. Quelle remarque de frustré qui se fait chier à attendre un bus à la con. Bref. Il fait beau, peu de vent, ça roule. À moi l’estacade du pont Champlain! La bretelle cyclable d’accès est fermée entre le 15 novembre et le 15 avril, bien sûr. Le vélo en hiver, ça devrait être interdit!

Je prends donc le sens interdit « sauf véhicules autorisés ». Je m’autorise, étant donné que le seul lien cyclable entre Montréal et la rive sud utilisable en hiver est celui-ci. Montréal, grande métropole du vélo, c’est bien connu…

J’ai la voie maritime pour moi tout seul. Elle est un peu enneigée, mais c’est presque féérique. Glace et soleil levant à gauche, belle poudreuse devant, le majestueux Saint-Laurent à droite. Quel pied!

À la sortie, je prends un bout de la route 132, puis le chemin de Châteauguay. Je passe à travers la réserve indienne de Kahnawake, j’en profite pour acheter des clopes pour la route (ou pas). Je continue jusque Beauharnois, un de mes endroits préférés, cette fois. Quelle belle centrale!

La piste cyclable du tunnel en-dessous du canal de Beauharnois est bien évidemment enneigée. Me voilà donc dans le court tunnel. Heureusement il y a un bon accotement, mais j’ai quand même la souvenance du tunnel de la mort

Pour une fois, dans ce coin, je prends la route 132, plutôt que la belle piste cyclable qui longe le canal. J’ai comme idée qu’elle sera pas déblayée, alors je tente pas le coup, bien sûr.

J’arrive à Salaberry-de-Valleyfield. Le lien cyclable vers Coteaux-du-Lac, gracieuseté Hydro-Québec, est bien entendu fermé lui aussi. À moi le pont quasi-autoroutier plein de trafic. L’hiver à vélo a aussi ses inconvénients…

J’engloutis quelques biscuits avec ce fameux pont, histoire de pas défaillir dessus. Ma bouteille thermos, qui ne contient que 500 mL, est maintenant vide. Mode « raisin sec » activé.

Direction Hudson. Je prends une loooongue ligne droite à travers les champs, les fermes, et croisant deux chemins de fer. Gros coups de klaxon de train. Ici, les trains roulent à environ 40 km/h, et comme il n’y en a pas très souvent, ils klaxonnent aux passages à niveau, au cas où un intrépide voudrait passer avant lui. Vent dans le nez, peu d’énergie, je me traîne.

Quelques petites bosses plus loin, et quelques biscuits aux dattes aussi, me voilà à Hudson. Seulement 108 km, il est passé midi et j’ai faim. Arrêt-pizza.

Je repars sous un grand soleil qui réchauffe (-15 avec le vent dans le dos, j’ai chaud). Direction le pont de glace! Et oui, encore une fois c’était le but de la balade. Relativement peu de vent cette fois, mais un froid un peu plus mordant. Quelle sensation, rouler sur la rivière! On se croirait sur la banquise. J’adore! Vraiment, quelle joie, rouler l’hiver. En été à cet endroit, on a le traversier, sympathique mais qui pue.

Oka. Je prends à gauche histoire d’allonger la boucle, et vais ensuite attraper le chemin Saint-Jean, où se trouve un de mes spots favoris du coin…Intermiel (oui, comme la semaine passée aussi…). Vu mon manque de fer, le niveau du pot de miel de sarrasin descend à vitesse lumière. Alors je repars de chez Intermiel avec un pot de 1 kg, cette fois. Et puis ça fait du lest pour la montée Robillard, c’est bon pour l’adhérence. Eheh.

Je monte jusque Saint-Joseph-du-Lac. On voit Montréal, et même le Mont Saint Bruno, sur la rive sud! C’est formidable, quand même.

Petite descente, hop à gauche jusque Deux-Montagnes. Traversée chaotique vers Laval: c’est un lien cyclable-piéton, bref, c’est à moitié déneigé, que des creux et des bosses de traces de bottes, c’est un peu merdique, mais ça roule quand même à peu près.

Laval, toujours aussi peu agréable, hop, quelques bornes et je traverse vers Montréal. Pas agréable non plus, surtout après les kilomètres sans feux, stops, ni trafic. 170 km, la pizza commence à être loin, je manque d’énergie…mais je suis presque rendu. Allez allez, tape un peu dans les réserves.

La fin de la balade correspondait à mon trajet de retour du boulot. Ça m’a semblé plus long que d’habitude…

Conclusion: super balade. Vive les journées ensoleillées et froides d’hiver. Comme a écrit Пушкин (Pouchkine): « Мороз и солнце; день чудесный! » (Gel et soleil; merveilleuse journée!)

Le parcours sur Strava: https://www.strava.com/activities/249301762/embed/e7831a7c4cc7299a08955b449ee1724aac1cae7e

Dimanche 25 Janvier 2015: Rouler sur l’eau

Un pont de glace, ça c’est de l’idée! On attend que la rivière gèle, et hop, on roule dessus. Entre Oka et Hudson, et entre Pointe-Fortune et Saint-André d’Argenteuil, deux ponts de glace permettent de franchir la rivière des Outaouais l’hiver, quand le traversier n’opère plus.

J’étais curieux de voir ça, alors c’était l’occasion d’une bonne randonnée hivernale: 200 km autour de la rivière des Outaouais et du Lac des Deux Montagnes.

Je pars vers 7h, bien habillé pour affronter les -18 degrés ambiants. Il fait déjà beau, et le vent est bel et bien levé, je l’aurai dans la face pour les 100 premiers kilomètres.

Je commence par rouler jusque chez Intermiel, où j’achète 3 fois 500 g de miel, histoire d’avoir un peu de lest pour les 150 km suivants. Le début de la balade, à travers la ville, est calme: à cette heure-ci la plupart des gens normaux dorment.

En quittant Saint-Eustache, le paysage devient un peu plus intéressant, et il n’y a plus de feux ni de stops. À moi la route, bien déneigée en général. Le vent crée quelques belles congères et draine mon énergie.

Rapide arrêt-miel, donc, puis je m’attaque à la Montée Robillard, quelques mètres de dénivelé jusque Saint-Joseph-du-Lac. Le vent est assez méchant en haut, mais le paysage est vraiment appréciable.

Je descends vers Oka pour prendre le fameux pont de glace. Gros vent de travers, je mets ma capuche et suis bien content d’avoir une veste isolée et « Windstopper ». Je m’arrête au milieu de la rivière, c’est impressionnant et majestueux, toute cette glace. Les clous se plantent dans l’eau, tout roule.

Je tourne à droite après le pont, vers Rigaud et Pointe-Fortune. Le vent me fait vraiment lutter par endroits, et l’aérodynamisme légendaire de mon « Neige » (mon bien-nommé vélo hivernal pas-de-ville) n’aide pas. À Rigaud, je crève de faim, mais ne trouve rien de tentant d’ouvert. Biscuits-poubelles, et hop, je repars.

J’atteins le deuxième pont de glace, et mon compteur dépasse 100 km. Vue sur la centrale hydroélectrique en amont, moins de vent, cabanes de pêche sur glace, grand soleil, c’est super. La température a monté jusque -12, c’est agréable. J’ai même chaud et songe à me dévêtir un peu…mais finalement je préférerais suer.

Je reprends la direction d’Oka. ça y est, j’ai le vent dans le dos, hourra, je vais pouvoir remonter un peu cette moyenne misérable, descendue à moins de 19 km/h, entre les quelques côtes et la lutte éolienne.

J’ai toujours faim. Arrêt chocolat-biscuits avant de défaillir. Oka est encore à 15 km.

Je traverse la réserve indienne et n’achète pas de clopes. Aux autres, les saloperies dans les poumons.

Oka, ah, m’y revoilà! La boucle autour de la rivière des Outaouais est bouclée. Je mange une pizza avant de reprendre le pont de glace. Il me faut des calories.

Je franchis une fois de plus le pont vers Hudson, c’est toujours trippant. Cette fois, je prends à gauche le long du Lac des Deux Montagnes, que je longe jusqu’à l’Île Perrot.

Marrant, cette activité sur l’eau. Des tas de cabanes de pêche, des motoneiges, des quads, des bagnoles, des marcheurs, des cerf-volistes. L’hiver est vivant et très appréciable sous ce grand ciel bleu.

Je décide d’allonger un peu ma randonnée en faisant le tour de l’Île Perrot. Ce n’était pas prévu, mais l’itinéraire est plus sympathique comme ça.

Je retraverse vers l’Île de Montréal et descends prudemment la rampe en colimaçon qui arrive à Sainte-Anne-de-Bellevue. À moi le chemin du Bord du Lac et les 35 km qui me restent à parcourir. Roule, roule!

Pause-chocolat, 60 km me séparent de ma pizza et j’ai encore faim.

Je longe le canal Lachine sur les 15 derniers kilomètres, et me voilà rendu. Je suis un peu défoncé, le froid et le vent, c’est efficace.

Là j’ai mal sous les genoux, je ne sais pas pourquoi, j’ai pourtant remonté un peu ma selle. Faudrait pas que ça devienne une habitude.

Le parcours sur Strava: https://www.strava.com/activities/246398133/embed/7eb7e7de77a133e1ed86fe3c38bdf94b269e127a