Ça fait un moment que je n’ai rien écrit ici, mais aujourd’hui j’ai un petit truc à raconter.
1er Juillet, jour de la fête du Canada. Je me dis naïvement qu’aux États-Unis ils fêtent pas ça, le Canada, donc que ma bouquinerie préférée à Niagara Falls, NY devrait être ouverte. La fleur au guidon, je roule les 20 km jusqu’au Rainbow Bridge, ce pont qui relie le Canada et les USA en face des chutes du Niagara. Je vous épargne le trafic monstre du côté canadien à Niagara Falls, quel enfer…
Contrôle-express, je passe la frontière et roule jusqu’à la bouquinerie. Manque de pot, le magasin n’est pas ouvert. Bon, perte de temps, j’adore…retour vers le pont.
Quelle idée de franchir la frontière lors d’un long week-end commun au Canada et aux USA! Trafic-monstre pour repasser le pont. On prend son mal en patience. Quelques minutes d’attente, je passe la frontière et me voilà de nouveau en route vers la maison.
Une petite heure de bataille contre le vent plus tard, me voilà rentré. Tiens, un message vocal laissé par un numéro inconnu, mais qui cela peut-il bien être?
« Allo, ici le poste frontière, un voyageur nous a ramené votre portefeuille. On l’a ici, appelez nous ». Merde alors…en effet, je n’ai plus mon portefeuille! Il a dû tomber quand ma sacoche était ouverte entre le péage et le poste de douane, ou pendant l’attente, que sais-je.
« ‘Ostie de Jésus-Christ de tabarnac de câlice de marde », pense-je en français de France dans le texte (comprenez « putain de merde »). J’appelle les douaniers. « Ouai, on a votre portefeuille, avec le fric et tout. On l’a mis dans un sac scellé, venez le chercher. » C’est quand même une sacrée chance: en plus d’un peu de fric (170$), il y a évidemment dans ce portefeuille tout un bordel de trucs chiants à faire refaire si c’est perdu: permis de conduire, carte d’assurance maladie, carte d’identité, etc, etc. J’ai un bon karma, j’imagine. J’aurais pu tomber sur un enfoiré qui garde mon portefeuille et tout le fric avec.
Bon…il est 18h30, je voulais me coucher tôt, mais me voilà bon pour une nouvelle balade de 40 km pour aller chercher mes papiers.
Ni une ni deux, cette fois je prends mon vélo de course et file vers le poste frontière. Je me retape le gros trafic de merde de Niagara Falls. Tout le monde s’est donné rendez-vous dans ce lieu détestable en ce jour du Canada. Je passe au poste frontière. Je demande à une douanière du guichet. Elle est au courant! « The gentleman who lost his wallet is here », dit-elle dans sa radio. Je me retrouve face à cinq madames-de-douane souriantes et on me remet le précieux sac. Alleluia. Merci les amies.
J’entonne un « Ô Canada » debout sur le comptoir, le casque de vélo sur le coeur, tout en brandissant le sac contenant mon portefeuille. Un bus de touriste chinois reprend en choeur. Les douanières en liesse tapent sur leurs claviers en rythme, et je quitte le poste de douane sous un tonnerre d’applaudissements et de cris de liesse.
Non, bon, je quitte le poste sans demander mon reste, mais en remerciant chaleureusement les consciencieuses fonctionnaires.
Voilà, encore quelques bornes sur l’horrible Lundy’s Lane qui pue le graillon et les gaz d’échappements des assassins à quatre roue, une nouvelle petite heure de bataille contre le vent (ça souffle à 30 km/h, environ) à méditer sur ce miracle du jour du Canada, et la boucle est bouclée. La balade de 50 km en a finalement fait 90, et n’aura servi à rien, si ce n’est à avoir cette petite anecdote de fête du Canada à raconter quand je serai vieux.
Donc, merci le Canada et ses gentilles douanières, merci la reine d’Angleterre, et surtout merci à la personne qui a remis mon larfeuille aux autorités. En espérant que vous auriez fait la même chose…!