Mercredi 1er Septembre 2021: Variété saskatchewanaise

Départ vers 6h, mal et peu dormi. Je longe un peu la Transcanadienne, pas terrible. Puis commence la route 48. Vent dans le nez. Arrêt « deuxième déjeuner » à Odessa (si si), puis je passe à Montmartre, fondé par des originaires du même lieu, mais les contemporains ne semblent pas savoir que la tour Eiffel n’est pas à Montmarte.

Sieste dans le petit kiosque à pique-nique, j’en avais besoin.

En quittant la « Paris des Prairies », tombe une bonne grosse bruine. Je me fais un peu mouiller, mais rien de terrible.

J’avance pas! Pas d’énergie, maudit vent. Mais bon, je m’en sors quand même pas trop mal vues les conditions éoliennes, 100 km passés vers midi.

Kipling: soupe aux poivrons farcis dans un café-restau-boulangerie qui ne semble connaître que des plats carnés, à part les desserts. Je repars avec un crumble aux pêches. Ça et le vent qui a fini par tourner, je commence enfin à bouffer un peu de bitume.

Je finis par arriver à Wawota, mon but du jour, vers 17h30. Le camping municipal : 30$ la nuit pour être entre la rue et une caravane…bof. Mais y’a une douche. Un saut à l’épicerie pour des pâtes, thé et bananes, puis je vole une douche et vais camper ailleurs.

Pas mal de moustiques où je suis finalement installé : le karma?

Avant de plier le camp. Chercher le détail montbrehainois.
Route 48 le matin
Ça alors!
Paris!
Probablement les Champs-Élysées
Route 48 le soir
Douche

Samedi 12 Janvier 2019: vive le vent d’hiver

Enfin, une de ces froides et très ensoleillées journées d’hiver comme je les aime. L’occasion d’un exercice qui m’avait manqué: un 200 « sous zéro », ou plutôt sous -13 en l’occurence. Presque pas de photos, désolé.

Dans ma sacoche: 4 thermos de thé, des fringues de rechange en veux-tu en voilà, des biscuits, des dattes, un peu de chocolat.

Je quitte la ville par mon itinéraire de prédiction, la voie maritime du Saint-Laurent. Seul bémol: il faut passer le vélo au-dessus des barrières de l’estacade du Pont Champlain. Parce qu’évidemment, en hiver tout s’arrête et les gens/cyclistes disparaissent sous terre, alors tout ça c’est fermé. Sauf qu’en pratique le vent a balayé l’estacade sur laquelle y’a plus un pet de neige, et la voie maritime a été grattée.

Le soleil se lève. Je suis tout seul au milieu du fleuve. Les glaces chantent. C’est beau.

Ça se corse quand la route tourne vers l’ouest. Le vent est levé, la manche a air de la voie maritime bien gonflée. C’est parti pour 100 km de rude bataille.

Je me rends compte une fois arrivé sur la rive sud que le froid et la charge en partie inutile ont déchiré ma sacoche. « Oh non! », dis-je à voix haute. J’ai rien pour réparer (et par -19 autant oublier ça direct), mais j’ai une chambre à air de rechange que j’enroule autour de la victime pour limiter les dégâts.

Le vent est fort et en pleine face. J’en chie. Lindbergh a écrit à propos de sa passion aviatrice que « Adventure lay in each puff of wind », il avait raison: là en voilà, de l’aventure, dense et froide.

Évidemment, j’avance pas malgré la grande quantité d’énergie déployée. Avec les pneus à clous, le vélo de ville, la sacoche, je suis pas efficace.

Cerises sur le gâteau congelé:

  • Je teste pour la première fois des « bar mitts », sorte de gros sur-gants accrochés au guidon. C’est super efficace contre le froid, mais pour l’aérodynamisme on repassera.
  • Le rapport le plus faible sur mon vélo est 46×22. Bien trop long pour moi dans ces conditions. Je dois me mettre en danseuse souvent…ce qui nuit encore à l’aérodynamisme de l’ensemble. En gros je me sens comme une planche de contre-plaqué de 1 m par 2 m face au vent.

40 km au compteur: premiers biscuits et thé à Léry. Puis la bataille reprend. Faut pas s’arrêter trop longtemps sinon on a vite froid.

Bataille, bataille. Il fait super beau. Un peu froid aux pieds parfois, mais rien de terrible.

J’avance pas. Je peine à maintenir 17 km/h, puis 15. Je m’arrête tous les 15-20 km pour engloutir des biscuits et dattes. Le thé, bien que de moins en moins chaud, fait toujours du bien.

Je finis par arriver à Coteaux-du-Lac, ou je change un peu de cap, vers le nord. J’ai maintenant le vent un peu moins contre moi. Et il mollit. Je vais pas plus vite pour autant, ces 100 km de lutte m’ont pas mal drainé.

Km 105, pschhhhhhhh crevaison à l’avant. Dans la cambrousse et dans le vent: pas idéal. Mais il y a une maison derrière laquelle je pourrais m’abriter pas très loin. Je marche jusque là et suis accueilli par Luc, qui m’ouvre son garage et m’aide à réparer. Merci l’ami.

Je reprends la route pour un détour me permettant de contourner une route fermée en hiver par laquelle je pensais passer…quelques bornes en plus, on n’est plus à ça près.

La campagne resplendit de lumière. La quiétude est parfois troublée par les vroum-vroum des motoneiges, mais ça reste agréable.

Le vent est maintenant avec moi, mais a molli énormément. J’ai plus à me battre, sauf dans quelques petites côtes, mais je dépasse pas souvent les 20 km/h. Vue ma forme actuelle fallait pas s’attendre à un miracle de toutes façons.

J’ai faim et suis à court de biscuits. Je pousse quelques kilomètres et finis par arriver à Saint-Lazare, où je prends une soupe et des pâtes dans un café sympa. À côté de moi des nanas parlent d’applications de fitness en mangeant du gâteau au chocolat et en disant que par ce temps, y’a aucune raison d’être dehors. Bref, on n’est pas dans le même monde.

Je leur taxe leurs restes de gâteaux, jase un peu avec le gars du bistrot et repars. Le soleil vient de se coucher, il est environ 16h45 et il me reste 65 km à parcourir.

Vu que je suis rincé, j’avance pas. Mais les pâtes m’ont quand même fait du bien.

Il y a un peu de trafic du samedi soir par endroits, mais à part ça, je chantonne dans les quartiers résidentiels déserts. La nuit glaciale à venir dissuade beaucoup de faibles gens de mettre le nez dehors.

Tant bien que mal je rejoins l’île de Montréal, puis longe le fleuve jusqu’au canal de Lachine, et traverse la ville comme d’habitude, mais en plus lent.

La maison! Je suis content d’être arrivé. Ça faisait longtemps que je ne m’étais pas fatigué autant. La longue distance en hiver c’est quand même physique.

La maisonnée ne m’a pas attendu pour la raclette, mais m’en a laissé. Katia s’occupe de moi, je suis un pacha fatigué. Les patates fromagées vont me permettre de récupérer.

Sur Strava: https://www.strava.com/activities/2075658647

Mercredi 28 Juin 2017: mi casa su casa (Soto la Marina, TAM – Petit bled sans nom sur la carte, TAM)

Belle journée mexicaine. Traversée du désert, mais un peu plus dense qu’hier, dans la matinée. 

Je salue mes hotes et pars. Muchas gracias!

La prochaine ville, Aldama, est à 112 km. Pedalamos.

Je recroise Roman sur la route. La bécane semble tourner comme il se doit!

Merde, mon autre porte-gourde a pété aussi. Camelote. Bon, ça tient encore à moitié, on va faire attention.

Contrairement à hier, Éole est de la partie. Sud-est comme toujours. Les premières heures sont relativement relax mais rapidement il faut se battre.

Je fais la même erreur « nourriture » qu’hier…bah, j’ai plein de vieux trucs à finir de toutes façons. 

J’arrive sur la partie de la route un peu plus vieille. Fini le bel accotement. Oeil-dans-le-rétro attitude.

Capital de sympathie cyclotouristique maximal. Au moins 20 coups de klaxon d’encouragements sur la journée. 

Aldama! Pas de porte-gourde au petit atelier local. 1 kg de tortillas et du fromage frais achetés en ville, par contre.

15h40. Je quitte le bourg, pas envie de glander jusqu’au « couvre-feu ». 

Ah, j’oubliais: finie la platitude, j’ai maintenant droit à quelques petites côtes pour briser la monotonie. Montées-descentes pour rejoindre la route qui longe (de loin) la côte. 

Effort à contrevent. Je finis par atteindre le petit bled dont j’ai zappé le nom et qui n’est pas nommé sur ma carte. Misère pour chercher où camper. Et alors que je me dis que je vais juste aller dans la campagne sans m’emmerder, je demande à deux gars s’ils savent où je pourrais camper. Un des deux me dit que y’a pas de problème, j’ai qu’à le suivre.

Rafael, mon bienfaiteur du jour, m’emmène à une maison qu’il vient d’acheter mais n’occupe pas (encore?)

Muchas gracias Rafael. Me voilà avec un toit pour la nuit. Il y aun bon contraste avec la Virginie, et ça fait du bien.

Rafael fait germer des noix de coco pour transplanter des arbres. Trop classe. 

Voilà, après l’avoir entendue de vive voix, « tu casa » résonne différemment. Va falloir faire gaffe, je vais finir par croire en l’espèce humaine. Ou pas.

Bonne nuit avec les noix de coco.

Strava: https://www.strava.com/activities/1059853573/shareable_images/map_based?hl=en-US&v=1498759534

Vendredi 23 Juin 2017: le jour le plus dur (Chapman Ranch, TX – Raymondville, TX)

165 km avec vent défavorable 95% du temps, 37 degrés l’après-midi, 60 miles (96 km) sans point de service…dure journée. 

Strava: https://www.strava.com/activities/1052064963/shareable_images/map_based?hl=en-US&v=1498325027

Objectif du jour: finir la journée dans un rayon de 50 km du bureau de poste de Harlingen, où ma jante de rechange pour roue avant fatiguée doit arriver demain. 

Je commence par renverser mon thé dans la tente. Pas tout, heureusement. Je pensais m’être levé tôt mais en fait je suis sur la route seulement à 7h30.

Un raccourci est très tentant sur la carte. Manque de bol il traverse un ranch, King’s Ranch. Précision: le ranch a une superficie probablement plus grande que certains départements français, à vérifier. Y’a une barrière. J’appelle pour avoir l’autorisation, mais ça décroche pas. Et ils me l’auraient pas donnée de toutes façons. Je tente pas le diable texan et fais le détour. 3 km plus loin une pancarte dit: « the best way to meet the lord is payer. The fastest is trespassing. » Putain de tarés.


Je vois un chantier de pipeline. Super. Je croiserai aussi le ballet de camions transportant les tubes à marde: la route de cet aprem longe en fait le chantier.


Il est à peine 8h mais Éole est bel et bien levé. Et le soleil tape déjà. Il va faire chaud, ça se sent.

Kingsville. Arrêt à l’accueil pour touristes. Le monsieur m’offre un sandwich. Petite jasette. Kingsville a l’air tentante, mais j’ai une tartine de merde de 100 km de long qui m’attend. Je traîne pas. 11h à peine, je sors de l’accueil touristique et j’ai déjà l’impression de rouler sur une poêle à frire.

Bouffe et plein de flotte à Riviera, dernière station avant 96 km sans grand-chose. J’engloutis chips, carottes, petits pains, ananas, grosse glace, et une fois n’est pas coutume, un litre de Gatorade. Je fous plein de glace dans mon outre. Au total je pars avec environ 6 litres d’eau.

C’est parti pour 96 km d’accotement d’autoroute (double voie limitée à 120) en ligne droite dans une chaleur à crever et avec vent 3/4 de face.

J’alterne passages hauts et bas. Je me maintiens au-dessus de 15 km/h. Je bois, rebois, me pulvérise de l’eau et recommence.

Euphorie à l’aire de repos officielle où je prends une douche tout habillé sous un tuyau pas vraiment d’arrosage. Un peu de fraîcheur en repartant, youpi!

Pas mal de trafic. Des tas de gens qui transportent un tas de merdier vers le Mexique. Des bagnoles (une qui en tire une qui en tire une autre), des pièces, des outils, matériel, matériaux, électroménagers, ce que vous voulez. 

Du monde me klaxonne. A priori pour m’encourager. Merci mais vous feriez mieux de me ravitailler ou m’arroser comme au tour de France, ça serait plus efficace!

Ça n’en finit plus. Je fatigue. Pire route du monde et de ma carrière de cycliste. Journée la plus dure du voyage, de loin. Je regrette la pluie de Pennsylvanie. 

Raymondville, le retour à la civilisation, apparaît sur ma carte. On va y arriver. 



On y est. Je descends 750 mL de Perrier.
Je me pointe au poste de police pour demander si y’a quelque part où je peux camper, dans ce bled. Jamais fait ça mais ça a l’air pas mal comme truc. On m’offre de camper entre les postes de police et de pompiers. Pas super calme mais ça ira. Merci Raymondville.


Demain Harlingen, Richard de Warmshow m’accueille pour une ou deux nuits, le temps de préparer poches cachées et autres subterfuges pour mettre toutes les chances de mon côté passée la frontière. 
Bonne nuit municipale.

Jeudi 22 Juin 2017: littoral texan (Goose Island State Park, TX – Chapman Ranch, TX)

Strava: https://www.strava.com/activities/1050413942/shareable_images/map_based?hl=en-US&v=1498232323
Soleil. Vent de face. Chaleur. Verrues sur l’horizon. Grosses lignes droites. C’est le Texas.

Tout plat sauf quelques ponts offrant un peu plus de perspective.

Petit traversier. Causette rapide avec un des matelots: il me confirme que c’est assez « rough » (mot à mot « rugueux », en français on dirait « chaud ») le long de la frontière côté mexicain. Milices et compagnie. Il faudra donc passer la frontière tôt et bourrer toute la journée pour s’éloigner le plus possible de la zone.

Zone balnéaire à l’américaine: les gens se baladent en chariots de golf. Saloperies. Mais bon, moins pire qu’un pickup, c’est sûr. 
Rafraichissement-poubelles: melon, pastèque, ananas et mangues sortant du frigo.

Travaux. Vent de face. Tours et maisons de vacances hideuses.

Je prends mon mal en patience sur cette longue ligne droite en guettant les trucs qui traînent sur le bord. Trouvé une clef à molette pas mal, une paire de Vibram Five Fingers taille 44 un peu usée mais qui devrait m’aller, une pince en fait cassée.

Pause-bouffe avant le pont merdique vers Corpus Christi. Et oui, la ville s’appelle comme ça, qu’est-ce tu veux. Je m’assois en plein soleil entre les pêcheurs latino et chinois. En me relevant j’ai plein de graines qui piquent collées au cuissard, ce qui fait bien rire la progéniture sino-américaine.

Corpus Christi: je me fais refouler à l’entrée de la base de la marine dont je voulais emprunter la route côtière, ce qui m’aurait permis d’éviter un n-ième pont quasi-autoroutier. Je me fais virer de bord par le bidasse de service.

Lâcher de jurons et d’insultes envers le monde, les institutions et tout le reste en repartant.

J’ai chaud aux pieds. Je passe par les deux magasins de vélo de la ville en espérant qu’ils aient en stock des sandales SPD. Non, évidemment. Tant pis.

Je sors de la ville en me disant que je trouverai de l’eau, de l’huile végétale et du sel en chemin vers un spot de camping à déterminer. Je me rends compte assez vite de mon erreur: c’est le désert ici. Y’a rien! Monocultures à perte de vue. Lignes droites limitées à 70 mph (112 km/h) avec pas ou peu d’accotement. 

Je me bats contre Éole pendant un moment. Un micro-avion balance des saloperies chimiques sur les OGM dans les champs. Rase-mottes assez impressionnant. Saut de puce au-dessus de la route et des fils électriques, pscht pscht sur la parcelle 1, demi-tour, repschtpscht sur la parcelle 1, saut de puce, parcelle 2, demi-tour, re parcelle 2, et ainsi de suite. En prenant la photo j’espère méchamment la fin brutale de tout ce système agroalimentaire, incarnée par l’écrasement brutal de ce coucou aussi insensé que le reste du monde dans lequel on vit.

Je suis dans un parc éolien en construction. Pas mal de turbines attendent la mise en service, d’autres leur rotor, d’autres leur nacelle.

Plus d’eau. 17h30. Je m’arrête à la première maison pour demander de l’eau. Je constate que c’est la première d’un développement résidentiel en parfait accord avec le zinc de tantôt. Le reste est une petite route au milieu d’une pâture avec pas mal d’arbres: un beau spot pour camper, en somme.

Je demande au gars si selon lui quelqu’un verrait un inconvénient à ce que je campe là. Il dit que non. J’appelle le numéro sur le panneau de vente. Messagerie.

De la merde, je campe là. Pâtes, Lindor fondus dans des « pains » à hot-dog, et voilà. 

Le vendeur de terrains me rappelle. Je lui explique que je suis à vélo depuis Montréal, il capote un peu et dit que pas de problème je peux camper là. Ça tombe bien parce que je comptais pas démonter, remballer tout et repartir.

Bonne nuit autorisée!

Samedi 17 Juin 2017: le Texas c’est de la merde (Niblett’s Bluff, LA – Anahuac, TX)


Pas trop de temps pour écrire. Longue journée de merde. Les mots « putain de pays de merde » ont été prononcés au moins une fois.
Pas de motivation au départ. Obligé de prendre l’Interstate pour accéder au Texas. 

Je me ruine le dos en passant le vélo au-dessus de barricades en béton pour passer par un chantier plutôt que par l’autoroute.

Infotouriste: la madame me dit en gros que je vais mourir si je prends le Rainbow Bridge, pourtant autorisé.

C’est vrai que c’était une belle tartine de merde. Je me suis senti comme une petite tortue qui traverse une route. Sauf qu’il y a pas de géant qui m’a soulevé par la carapace en disant « allez, on y va » pour me transborder. Bel effort dans la côte en tous cas. 

Raffineries. Pétrochimie. Odeurs dégueu. Laideur des bourgs. Hummers. Vent de face sur 130 km sur 150.

Rayons de soleil: les vaches qui fuient en me voyant, pas habituées aux véhicules inoffensifs. Les pompes à pétrole. Les fruits et légumes poubelles. Les vélos et triporteurs dans je-ne-sais-quelle saloperie industrielle. Le vent rafraîchissant. Les mecs de la station service qui veulent voir le vélo. La longue ligne droite de fin de journée. 

Demain, merde II: traversée de Houston. Ce sera dimanche, au moins. Et surtout j’arriverai chez Thomas de Warmshowers, chez qui je resterai deux nuits.

Bonne nuit quand même! 

Strava: https://www.strava.com/activities/1043560778/shareable_images/map_based?hl=en-US&v=1497832612

Vendredi 16 Juin 2017: Betty (Fullerton, LA – Niblett’s Bluff, LA)


(Dans les oreilles: Parabellum)

Belle journée en Louisiane.

Pas d’attaque d’insecte cette nuit. Dormi avec le toit replié pour survivre à la chaleur.

Routes pas super en général. Beaucoup de lignes droites à travers forêts surexploitées, bayous, marais. Conducteurs patients dans l’ensemble pour les rares fois où le dépassement à pleine vitesse dans la voie de gauche ne peut avoir lieu.

Bibliothèque de DeRidder: trois petites mamies m’assaillent. Jasette classique. Betty m’invite à manger quand elle apprend que je ne suis pas passé par Lafayette et le pays cajun. Elle m’attend pendant que je règle les habituelles affaires bloguesques et autres internets.

On va au restau local, Cecil’s. On jase d’un peu tout. La bouffe est super, franchement bonne surprise. Même les trucs frits, dont je ne rafole pas à la base, sont vraiment bons. J’ai pris un « Crawfish echauffee », en gros du riz et une poêlée d’écrevisses en sauce un peu épicée.

Betty veut pas être prise en photo, mais si la bouffe est sur la photo ça va. Contrejour majeur, mais au moins j’ai un petit cliché de ma bienfaitrice.

Betty a 85 ans et a décidé il y a une semaine de quitter le foyer pour retourner vivre chez elle encore quelques années. Elle accélère un peu fort à chaque stop, difficile de garder le contact à vélo.

Petit froid quand elle comprend que je vais passer par le Mexique. D’un coup son regard a changé, d’un ton joyeux au désespoir et à la tristesse de ne jamais me revoir.

Betty a donné internet à sa petite-fille, mais elle veut bien que je lui envoie l’adresse du blog par la poste. Note: écrire une super lettre à Betty en Colombie ou au retour.

Je serai dans ses prières. Elle me demande si je crois en la prière, on a pas trop parlé religion mais je crois qu’elle a capté mon point de vue. Je réponds poliment que je crois que chacun peut faire un peu pour changer le monde. J’aurais dû lui dire qu’avec des rencontres comme elle, j’ai pas de prière à faire.

Bref, sacrée petite mamie. Salut, Betty, blessings aussi.

Bon c’est pas tout ça, mais faudrait avancer un peu. Roule. Fait chaud. Pulvérisateur à fond. Plein d’eau à chaque bled. Esquimau aux OGM. Une madame me file de l’huile à mouche 25% DEET en voyant mes jambes plein de piqûres. Hier une saloperie non-identifiée m’a piqué plus de 10 fois sur la rotule gauche.

La madame du corner store de Fields est un peu sur le cul quand je lui dis d’où je viens et où je vais. Pour changer.

Ouah, un alligator mort au bord de la route. Pas petit, celui-là! 

Je finis par arriver au camping. Mal aux pieds. Fatigué quand même, chaleur, et j’ai oublié de le mentionner, vent dans le nez toute la journée. Le gars de l’accueil me dit que pour une nuit et une tente, c’est gratos. Ça me va.

Un gamin chasse des jolis canards. Des libellules virevoltent.

Pâtes aux beans, sacré contraste avec ce midi.

Bonne nuit quasitexane.

Strava: https://www.strava.com/activities/1041099369/shareable_images/map_based?hl=en-US&v=1497715312

Vendredi 26 Mai 2017: départ en weekend (Bottom Walnut – Bald Eagle State Forest)

Journée ambivalente. Belle matinée sur la fin de la Pine Creek Rail Trail, puis bof.

Tortue et autres bestioles: je suis tout fou.

Arrivée à Jersey Shore. Lecture des panneaux historiques sur l’ancienne surexploitation des forêts locales et déprime. Retour au trafic, aux pickups rugissants: redéprime. Casse de rayon côté cassette, niveau écrou (le plus chiant à réparer): reredéprime. Vent dans le nez: OK, c’est une journée de merde. Bon, au moins il pleut pas.

Réparation de rayon dans le vent, après la pause bouffe.

Poubelles: fruits et légumes à gogo. Y’a aussi plein de trucs américains dégueu que je sors même pas des sacs. J’engloutis un ananas (déjà découpé, encore frais) sur place et en embarque deux autres. Chargé comme pour traverser le désert. 

Je m’arrête quand même pour acheter des oeufs, cherchez l’erreur. 

Crevaison. Le fond de jante, déplacé lors du changement de rayon, est vieux et pourri. Je le change.

Vent de face.

Pas réussi à rattraper un mec que je voyais au loin. Honte. Mais y’a du vent.

Instant cool: une sorte defoire où plein de trucs en tous genres sont en vente. Il y a des gens qui se déplacent en charrette à cheval: je me demande si c’est pas des amiches. J’aimerais bien en rencontrer…mais là j’ai bien trop peu avancé pour glander là. Et surtout je préférerais ne pas être un autre con de touriste qui veut juste voir des amiches, ce sont aussi des gens…! Roule. 

Vent, vent.

Montée laborieuse vers la forêt. J’ai l’air d’un gars du coin: un con ralentit à mon niveau alors que j’en chie dans la montée…pour me demander s’il y a une station service dans le coin. C’est sûr qu’à vélo, on vient forcément de pas loin, hein? Non mais. Je lui dis en me marrant que j’en ai aucune idée et lui souhaite bonne chance dans sa quête pathétique. 

Gueuleton de poubelles. Réparation de chambre à air. Dodo.

Demain il pleut.