Mercredi 21 Juin 2017: survol texan (Bay City, TX – Goose Island State Park, TX)

Magnifique journée au Texas. Grand soleil et bon vent de dos relativement rafraichissant…35 degrés l’après-midi quand même. 

Je pensais que je me levais tôt mais en fait non: le soleil se lève à 6h25. Eh mais…il me manque une sacoche! Merde alors, elle est où? Eh mais c’est quoi ce bordel, y’a des coquilles d’oeuf et mes antimoustiques, crème solaire et savon éparpillés…

Je retrouve la sacoche 8 m plus loin dans le bois, entrouverte. Une bestiole, probablement un raton laveur, a bouffé tous mes oeufs durs. 9 d’un coup, tu parles d’un gueuleton! Il a machouillé les lingettes pour bébé au thé vert pour agrémenter.

La sacoche et le reste de la bouffe sont intacts. Ouf.

En selle à 8h. Le vent souffle du nord et je vais au sud. Youhouuuuu! 30 à l’heure sans effort, 40 en appuyant un peu.

Garmin plante au bout d’une heure. La trace GPS est raccourcie d’environ 26 km. Mes stats annuelles sont foutues!

Je contourne une grosse centrale nucléaire. Oui, couper m’a traversé l’esprit.

Lignes droites. Champs d’OGM, monocultures.Vaches. Quelques petites routes locales relativement étroites mais on-ne-peut-plus droites.

Plaine à perte de vue avec usines de pétrochimie dégueu sur l’horizon un peu partout.

Passage assez long vers l’ouest: vent de côté. 

Longs pont/digues le long de la côte, assez confortables. 

Port Lavaca a l’air relativement sympa. Tant pis, je roule, fait pas encore trop chaud et le vent est avec moi.

Le paquet de M&M’s-poubelles s’est ouvert dans la sacoche de guidon. Alerte! Je bouffe tout.

Pause-bouffe et baignade à une rampe d’accès à l’eau sur le Green Lake. Après genre 110 km, j’avais faim quand même. Et il commence à faire chaud.

Je sèche très vite. D’ailleurs, quand je me vaporise de l’eau, disons de je pars de la chaussure gauche et vais jusqu’à la droite en passant par tout le reste du corps, à la fin la chaussure vaporisée en premier est à moitié sèche. Putain de pays!

Je survole les derniers kilomètres et atteins le Goose Island State Park. Grosse route de merde, limitée à 75 mph (120 km/h). Tout droit, accotement très rugueux, vibreur…bref, pas confortable, mais avec ce vent ça va. 170 km au total, merci Éole. Ma jante avant de rechange arrive normalement lundi à Harlingen, je vais devoir faire un détour…

Le parc: super oiseaux, spot sympa sous un arbre qui a poussé dans le vent (attention la tête!) et la vigne sauvage, bonne baignade et douche. Cool quoi.

Bonne nuit.

Strava, manque le debut: https://www.strava.com/activities/1048851523/shareable_images/map_based?hl=en-US&v=1498139107

Mardi 20 Juin 2017: I <3 Texas (Sugar Land, TX – Bay City, TX)

Journée peinarde au Texas.

Photos et on part. Tom, qui a été malade pendant les derniers jours, se sent un peu mieux et m’accompagne pour les premiers kilomètres. 

On sort de l’agglomération gigantique houstonienne assez vite et nous voilà le vent dans le dos sous le grand soleil matinal. On sent qu’il va faire chaud: il fait déjà plus de 25 degrés.

Petites routes de campagne sympa mais très droites et plates. On jase.


On se sépare après trente bornes. Thanks again for everything Ann and Tom. I hope your first Warmshowers experience was as pleasant for you as it was for me! May we meet again, in Montreal or elsewhere!

Je continue. Sur la route encore.

Arrêt pour faire le plein d’eau vers midi. Un mec veut me payer à manger! Je lui demande s’il mange ici lui-même…non, il retourne bosser. Pas pensé à lui demander son nom…zut. Merci l’ami!

J’engloutis mon sandwich et des cookies en miettes que je traîne depuis plusieurs jours et reprends la route rapidement pour profiter des températures encore supportables.

Pas de montagne à l’horizon. Soleil et vent dans le dos!

Bay City. Oh, un magasin bio! Cookie et kombucha. Mioum.


Poubelles: deux petits quatres-quarts et des céréales chimiques. 

Encore quelques bornes et j’arrive à destination: Riverside Park. La madame me dit que c’est 20$ pour une tente, avec eau et électricité sur site. J’ai pas besoin de ça et c’est du vol, je lui dis que je vais réfléchir. Finalement je paye 5$ pour l’espace boyscout, pas de modernité mais la paix.

Baignade dans la rivière. Ah que ça fait du bien! Il fait 35 degrés dehors…


Je jase avec Sierra et Christina, qui sont là avec leurs mômes. Sympa les texanes.

En allant m’installer, des chevreuils pas farouches.


En revenant de la douche…un vrai alligator! Ouaaaaah


Risotto.

Bonne nuit au Texas-pas-si-pire.

Strava: https://www.strava.com/activities/1046642658/shareable_images/map_based?hl=en-US&v=1498008114

Lundi 12 Juin 2017: Bill (Kosciusko, MS – Ridgeland, MS)

Belle rencontre aujourd’hui: Bill Conner, qui a perdu sa fille dans une sombre histoire au Mexique, roule de Madison, WI jusqu’en Floride.

Je pars un peu avant 8h de mon palace de l’accueil touristique. Il y a un peu plus de 100 km jusque Jackson et je compte bien bourrer un peu pour avoir le temps de glander en ville un peu plus tard.

Chaud. Humide. Brise de face.

25 km parcourus rendu vers 9h, pas-pire vue la charge, la bicyclette, la petite brise, et les jambes.

Un peu plus tard je tombe sur Bill. Un peu plus lent, on cause. Et on continue de causer tout le reste du chemin. Tout y passe, voyage, politique, vie et mort, deuil, et tout. Il me raconte plusieurs des histoires et des rencontres au long de son voyage.

Il roule en l’honneur de sa fille, morte en Janvier…vingt ans, c’est jeune pour y passer. Il roule pour le don d’organes: le coeur de sa fille permis de sauver la vie d’un autre.

Pause au bord du lac. Trempette alors qu’un gars titille le poisson-chat. En sortant de l’eau il me dit: « j’allais te dire de pas trop t’aventurer, y’a un alligator pas loin ».

UN ALLIGATOR! Ouaaaaaah!!!

On se prend une petite drache qui refroidit un peu mais pas tant.

Finalement on arrive en ville vers 13h. Gil’s Bread, la boulangerie que je voulais visiter, est pas ouverte. Pas non plus de pneu comme je le veux. On se dirige vers un bikeshop. On y glande un peu. John, un des vendeurs, m’offre de passer la nuit chez eux. Thanks John!

Bill et moi on va bouffer chez Newk’s, restaurant pas trop loin et qui est finalement une assez bonne surprise. Un gars cause avec Bill, lui aussi a perdu un enfant, accolades.

Je fais un aller-retour rapide au centre-ville, pour en voir au moins un peu. J’ai probablement eu des envies un peu plus intelligentes que celles-ci: trafic et collines inutiles au programme. Bref.

Retour chez Indian Cycles. Direction un autre restau avec John, sa femme Kate, et son paternel, Spencer, et Daniel, membre de la fratrie de sept. Petites phrases louant le seigneur avant la bouffe. Discussion de voyage, de bicyclette, de boulot, de vie. Nice to meet you all, and thanks a lot for everything!

Garmin merdouille, pas de Strava aujourd’hui.

Douche. Dodo. Bonne nuit au frais et sec.

Note: clavier qwerty des USA, texte soumis aux contraintes de « pas d’accent » et « pas d’autre signe bizarre ».

Vendredi 2 Juin 2017: bye, WV (Ruth, WV – Yatesville State Park, KY)

Me voilà rendu au Kentucky!
Départ tardif. Je me suis réveillé tard, j’avais probablement besoin de sommeil. En tous cas j’ai bien dormi dans ma doublure toute neuve!

Grosse galère pour arriver à la route 214, pas enregistrée par Garmin. La « Sawmill Road » n’existe plus, c’est un chemin raviné difficilement praticable. Après quelques centaines de mètres à pousser le vélo dans le bois, j’en sors. Et en fait je suis dans une sorte de quartier de merde avec une barrière à l’entrée. 

Bref, je finis par être en route pour de bon. Plutôt sympa comme route d’ailleurs: petites vallées, montées-descentes, virages à gogo, bref sympa.

Hamlin: pause à la bibliothèque. Je rencontre Nicholas, 8 ans environ, qui me pose plein de questions sur mon vélo. Lui aussi est à vélo. Un cycliste ici, c’est rare. Plusieurs des quelques panneaux « share the road » se sont fait plomber ou vandaliser…mais les conducteurs sont courtois et d’une prudence extrême, dois-je le rappeler. Les québécois et leur route verte peuvent aller se rhabiller. Ici y’a pas de piste cyclable mais au moins les gens roulent bien moins comme des abrutis.

Bon, Nicholas, donc. J’explique un peu le principe au petit bonhomme (petit mais qui a quand même l’air de bien manger à la cantine): vélo, camping, vélo, et voilà j’arrive de Montréal. Il a l’air assez intéressé. Peut-être un américain sauvé? 

High-five, salut Nicholas, nice to meet you.

Grosse poubelle: entres autres chocolat, 1.5 kg de noix de cajou rôties, chips. Sucré, salé, électrolytes: tout ce qu’il me faut pour rouler. Je bois pas assez, d’ailleurs. Déshydratation…Pipi marron attitude!

Fait traverser une tortue. 

Un chien me poursuit. Après quelques « BAH! », « Dégage! », et éventuellement quelques insultes vociféré-e-s, il lâche l’affaire.

Pause bouffe près du Beech Fork Lake, avec les campeurs en maisons roulantes. Je comprendrai jamais ça. Petite baignade, pique-nique, reconditionnement des noix (les boîtes prennent trop de place. Ça tombe bien, j’ai aussi trouvé des sacs ziploc…) et c’est reparti vers le Kentucky.

Semblant d’heure de pointe à Wayne, mais ça va.

Fort Gay: ville sinistrée.  Plein de trucs abandonnés. Triste. Mais au moins le train y passe. Louisa, de l’autre côté de la Big Sandy River, au Kentucky: moins pire. 

L’image d’un habitant du Kentucky que j’avais: chapeau, bretelles, barbe blanche. Eh bien la première personne qui vjent me parler, c’était mon image. Comme Ikea et la blonde en Suède. 

Beurre de peanut: y’a pas UN pot parmis les 173649 du rayon qui est 100% arachides. Putain de pays. Je me rabats sur le seul pot contenant  arachides et sel. Le pot est en verre, je regrette d’avoir bazardé le mien qui était aussi vide qu’en plastique. Dee Dee, madame de l’épicerie, me file un pote en plastique. Elle me demande d’où je viens. 

« De France. » « De FRANCE?!!! Mais qu’est-ce que t’es venu foutre ici?! », demande-t-elle, presque outrée. Discussion rapide. « Here it sucks », qu’elle dit avec l’accent kentuckien. L’herbe est toujours plus verte ailleurs,  faut croire.

Je monte au Yatesville State Park, espérant que le camping soit gratuit comme en Pennsylvanie. 

19$: tu rêves, mon gars. Bah, y’a une douche, et de l’électricité aux chiottes, où les gens vont en voiture, bien sûr. Pour la tranquillité par contre, on repassera: radios, clébards…

Bonne nuit quand même!

Mercredi 24 Mai 2017: le petit vélo qui monte, qui monte (Frozen Ocean State Forest – West Hill State Forest)

Journée assez physique. Beau temps. Un peu de vent de face.

(Dans les oreilles: Les Sales Majestés, A voté. « De toutes façons, ça n’changera paaas »)

Objectif: une boulangerie repérée avant de partir. J’ai pas préparé grand chose, mais pour trouver de la bouffe décente aux US, j’ai essayé d’anticiper…

Grosse descente vers Moravia. Vraiment un beau coin, par ici. Très champêtre en général, vallonné, bocage.

Les routes toutes droites sur la carte sont des pièges. Aler tout droit par-dessus les monts, c’est se taper pas mal de dénivelé inutile…mais il y a peu de trafic sur ces routes, autant en profiter.

Je joins Ithaca, ville universitaire qui a l’air dynamique. Passage rapide sur le campus. Glanage de carte à l’office de tourisme. Bagel dans un petit restau. 

Grosse montée pour aller vers l’ouest…je l’ai cherchée: sur la carte, la route passe tout près de la Connecticut Hill, qui culmine à 2099 mètres. 

Bon, bah on prend ses jambes à deux mains et on pédale. 

Hein? Mais y’a pas de montagne dans le coin, 2099 mètres,  ça s’ peut pas! C’est quoi ce bordel?

Ah, 2099 pieds, bien sûr. On n’a pas idée…je m’y ferai jamais, aà toutes ces unités aussi merdiques que la famille royale elle-même. 

Je sue, j’en chie en plein cagnard, et je m’arrête pour une belle surprise: un panneau favorable au développement éolien communautaire! Comme quoi tout arrive. Je passe le col et redescends de l’autre côté en crevant de soif.

Grosse descente vers Montour Falls. Grosse déception à la boulangerie: pain mou et léger. Bon, au moins, c’est pas industriel.

Petite pause au pied de la chute avant la remontée. 

Désespoir en passant à côté d’un gros autodrome ou des gens s’affairent à rappeler au monde qu’il y a peu d’espoir.
Descente en pente douce dans une jolie vallée. Manau dans la tête. Ravito en OGM et remontée vers la State Forest du jour.

Alors que j’en chie pas mal (11-14% sur un bout de chemin), je rêve d’une bonne baignade rafraîchissante avant le bivouac. Je désespère en approchant de la forêt…

Quand soudain à droite, ouaaah! Un superbe étang ensoleillé. C’est évidemment privé (tout est privé et affiché comme tel, ici. Ça me donne envie de lire Proudhon). Je toque à la porte du mobilhome dans lequel gueulent environ 37 chiens (+/- 35). Pas de réponse non-canine. 

Qu’à celà ne tienne, j’ai bien besoin de me rincer. À la flotte! Aaaaaah que ça fait du bien!

Je ne demande pas mon reste, des fois que le proprio ne revienne vite et fâché. J’ai quand même la présence d’esprit d’essorer mon cuissard, ce qui m’évite de tremper mes chaussures comme la dernière fois.

Rien d’autre à signaler, bonne nuit.

Vendredi 18 Septembre 2015: Palmyra – Herkimer

Réveillé assez tôt, je prends un petit-déjeuner léger, signe le petit livre d’or de mes warmsho, et suis rapidement sur la route. Merci pour tout, les canalligators!

À peine 7h30, et me revoilà sur la piste du Erie Canal. La journée promet d’être radieuse, le soleil perce la végétation bordant le chemin. Encore aujourd’hui, quand je suis tanné du gravier et/ou de la monotone piste, je prends la route. Je me permets aussi quelques raccourcis à travers la campagne new-yorkaise. Le genre de petite route peinarde, pas de trafic, si ce n’est le redneck occasionnel.

OGM

OGM

Au bout de 60 km, je crève de faim, et m’arrête dans un petit restau, où le « wrap » végé et la tarte choco-pacanes me rassasient. Hop, c’est reparti, encore le long du canal.

Le bel asphalte tout neuf!

Le bel asphalte tout neuf!

 

Before I die I want to...travel the world!

Before I die I want to…travel the world!

 

Syracuse à l'horizon

Syracuse à l’horizon

Un peu plus tard, je traverse Syracuse sans m’attarder: mon étape fait quand même plus 220 km, même en vélo de course, sans forcer ça fait quand même quelques heures de selle.

Il fait super chaud. Le canal et la pisye adjacente passent au-dessus d’une petite rivière accueillante…ni une ni deux, je vais faire trempette. C’est pas profond, mais qu’est-ce que ça fait du bien!

Petite trempette rafraîchissante

Petite trempette rafraîchissante

 

Pistounette

Pistounette

Mes hôtes m’avaient indiqué qu’une brasserie offraient de visites à Utica. C’est proche de mon objectif du jour, un peu loin donc, et j’y arrive trop tard, passé 16h. Zut! Qu’à cela ne tienne, je me rabats sur la dégustation. Sympa, les gens du magasin de souvenirs de la brasserie me permettent de laisser mon vélo dans l’arrière-boutique. Et oui, voyager léger, c’est voyager sans antivol.

Je goûte deux bières, une pale ale à la citrouille, et une plus forte. Je n’arrive pas à les retrouver sur leur site: http://www.saranac.com/

Bref, je le savais déjà, mais les américains savent aussi faire de la bonne bière, il n’y a pas que Budweiser et Coors dans ce pays.

La bière à la citrouille

La bière à la citrouille

J’ai repéré que les deux obèses du coin (enfin, les plus obèses, devrais-je dire) grignottent des trucs. Ah, il y a des bretzels au bar! À l’abordage! Ces petits trucs salés sont du plus juste effet pour rééquilibrer mes sels minéraux, et aussi éponger un peu l’alcool. Quasiment à jeun depuis mon déjeuner de ce matin, le peu de bière que j’ai bu a eu un effet non-négligeable. Attention en reprenant la route.

Course avec le train

Course avec le train

Il me reste quelques kilomètres à parcourir pour rejoindre Herkimer, ville-étape du jour. Malheureusement pas de Warmshowers ce soir, je suis dans un motel des plus pourris, entre l’interstate et le chemin de fer. Vu le bruit, je pensais que la fenêtre était ouverte, mais non, c’est juste pourri/mal isolé. Les murs sont des parpaings peints, c’est dire.

Deux pointes de pizza dont le gras a été épongé avec moins de dix serviettes en papier, et au lit. Bonne nuit!

Le parcours sur Strava: http://www.strava.com/activities/395025652