Une semaine de vacances sans plan concret, un vélo, une envie de rouler…il n’en faut pas plus. Pas de tente, pas de sac de couchage, pas de sacoches sauf pour les outils. Pas de gants, pas de lunettes. Un petit change pour être peinard le soir, un petit sac à dos, et roule.
Parti lundi en fin de matinée, mouillé par un crachin dont seule la Picardie a le secret. Je traverse la Somme jusqu’à chez mes cousins.
Mardi, objectif Ouistreham, d’où part un traversier pour Portsmouth, en Angleterre. Crachin encore, mais moins, belles éclaircies, en particulier sur le Pont de Normandie, alors bloqué par les éleveurs en colère. Merci les gars, traverser le pont dans ces conditions était vraiment cool. Quelques bagnoles filtrées par-ci par-là, pas de vent, bref, super. Honfleur, Deauville, etc, bourrés de monde, je ne traîne pas. Route côtière assez férquentée, mais quand même relativement sympathique. Arrivé un peu en avance à Caen, j’allonge un peu le plaisir pour finir avec plus de 250 km dans les jambes en attendant le bateau. Et une poubelle m’a offert plein de pain et pâtisseries pour survivre pendant deux jours.
Nuit sur le bateau, je dors mal malgré la fatigue, allongé aux pieds des sièges. Je rencontre un autre cycliste, anglais, lui était dans les Alpes pour rouler « l’étape du Tour », une rando amateur sur le tracé d’une des étapes de la grande boucle. Il me prévient que les routes anglaises sont assez hostiles aux cyclistes.
Petit matin du mercredi, débarquement à Portsmouth. Bon, faut pas oublier de rouler à gauche! Quel dédale, les voies cyclables sont super-merdiques en général. Par exemple, ce carrefour où, pour aller en face, il faut franchir trois grosses branches hyper-passantes, en appuyant chaque fois sur un bouton pour faire passer le feu au vert.
Anachronix, mon vélo européen pour cette balade, est quand même une bonne monture. La position n’est pas forcément terrible, et les chaussures que j’ai là sont de basse qualité et font mal aux pieds…mais qu’importe, ça roule. C’est pas parce que j’ai encore la moitié de la main gauche engourdie deux jours après que c’est un mauvais vélo!
J’alterne entre la route cyclable et la route côtière normale. Il y a du monde partout, en général. Et les automobilistes anglais sont de vrais chauffards, en général. Je me calme les nerfs en les insultant en français et en leur gueulant dessus, ça mange pas de pain. Entre les cons qui font presque pas d’écart et ceux qui grillent la priorité à gauche, je vous laisse choisir.
Il y a quand me quelques passages agréables. Par exemple, la montée pour sortir de Hastings, relativement ardue. Anachronix a un pédalier 52-39 et 12-28 en arrière, pour moi qui suis habitué à un trois plateaux avec cassette 11-34, faut faire un petit effort.
Le vent s’est levé, et il est avec moi. Tant mieux!
La chaîne couine, elle a soif. Je m’arrête dans un garage auto et demande un peu d’huile. Le garagiste s’occupe de faire prendre un bain d’huile à mon pauvre vélo, qui passe d’un extrême à l’autre. Tout goutte par terre, la jante arrière est toute beurrée. Mais au moins, c’est lubrifié. Merci l’ami.
J’arrive à Douvres vers 18h. Je tombe sur un groupe de cyclistes qui roule de Londres à Paris pour une charité quelconque. Je pourrais probablement m’incruster au groupe et ne pas payer, mais honnête que je suis, je vais payer mon ticket.
J’embarque après un peu d’attente, et encontre un gars trop cool. David Goldberg, américain du Colorado, s’en va courir la Transcontinental Race. Le voyage passe supervite, on cause de vélo bien sûr.
Au débarquement à Calais, on roule quelques bornes, puis on se sépare. Je pensais aller à l’hôtel, mais tout s’avère plein. Je laisse tomber et m’éloigne de la ville, pensant me poser quelque part dans un abri quelconque, grange ou autre, pour passer la nuit. Plein de pauvres migrants errent aux alentours, en particulier près du bout du tunnel sous la Manche. Il y a plein de CRS. Quelle misère…bref, je me casse. Je tente d’aller voir quelques gîtes, mais à cette heure (23h-minuit), tout est bel et bien fermé. Finalement, je roule donc toute la nuit jusque Lille.
La nuit est relativement claire et calme. Je n’ai pas de phare sur mon vélo, à peine deux loupiotes « Reelight », qui ne servent pas à grand chose mais qui me sauvent quand même la mise. Je prends les routes qui ont un marquage au sol, c’est plus confortable oculairement.
Mon GPS est quasi déchargé. À Saint-Omer, je m’arrête dans un hôtel ouvert mais plein, et j’en profite pour amasser un peu d’énergie chimique dans la batterie.
Vers 4h, halte bouffe-charge-étirements dans une boulangerie ouverte (alléluia). Allez, dernière ligne droite jusqu’au canapé du frérot.
Le soleil se lève sur Lille. La ville est encore toute endormie, à peine, quelques chauffards qui se croient seuls sur la route. Phil n’est pas réveillé, je vais boire un thé au Napoléon, puis siester au soleil dans un parc. Ensuite, journée-zombie.
Le lendemain, je voulais rentrer en train, mais finalement y’en n’avait pas avant 16h06…zut alors, va falloir encore faire du vélo!
Désolé, les photos sont perdues, j’en retrouverai peut être une partie plus tard…
En attendant il vous reste les parcours sur Strava:
http://app.strava.com/activities/353058015
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http://app.strava.com/activities/353057997